Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Coffee & Cigarettes.
11 juin 2011

The Prodigies

The Prodigies d'Antoine Charreyron.

prodigies


The Prodigies, c'est un film d'animation scénarisé par les frenchies Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière (qui ont bossé ensemble notamment pour le scénar de Renaissance), réalisé par Antoine Charreyron, un français, et le premier film d'animation du Studio 37, filiale de Orange (oui, Orange ne fait pas que des forfaits pour téléphones) bref, un projet français ! Oui je sais, ça fait froid dans le dos mais calmez-vous.

The Prodigies c'est aussi un film inspiré du génial livre de Bernard Lenteric, La nuit des enfants rois, un livre violent, froid, intense, tellement vaste et "complexe" que vouloir le recouper sur 87 minutes est un joli challenge - certes, le film d'Antoine Charreyron s'inspire tellement du livre qu'il n'en garde pas le nom, certainement pour donner à l'ensemble un côté un peu plus blockbuster, mais c'est « une adaptation libre » comme le dit Charreyron himself, accordons lui le bénéfice du doute. Et pour remédier à ce problème, l'équipe du film n'a pas eu d'autre choix que de couper dans le gras, comme on dit, au point de faire d'énormes ellipses et de supprimer quelques éléments vitaux - pour sa défense, il faut admettre que mettre en images certaines scènes ferait littérallement sortir le film de son cadre tout public.

 

VIDEO_The_Prodigies_la_nuit_des_enfants_rois_la_bande_annonce_qui_depote_image_article_paysage_new

 

Tout public, c'est un grand mot. Si les scénaristes ont crus bon d'enlever quelques éléments croustillants du livre, ils ont su porter leur paire de balloches en se l'enroulant autour du cou (visualisez la scène si vous voulez) tels des guerriers grecs pour réaliser [spoiler] cette scène de viol aussi brutale que fondamentale. Et on ne peut pas dire que l'effet de style (certainement utilisé en guise de pseudo-censure) adouci la scène, bien au contraire, et ne serait-ce que pour ça, M.Charreyron mérite quelques applauses [fin du spoiler]. Car oui, The Prodigies garde l'essence du livre de Lenteric, la violence, la colère, la rage, ces adolescents surdoués dotés de capacités mentales hors du commun mais aussi torturés et traumatisés par les aggressions qu'ils subissent, ces ados qui finalement se réunnissent et décident de se révolter contre l'humanité - en témoigne la ligne directrice du film: Notre intelligence est sans limite, notre vengeance sera sans pitié, n'est-ce pas. The Prodigies fonctionne comme une sorte de thriller, il reste prennant et crédible, cependant il n'est pas sans défaut.

Le film a beau être une adaptation libre, rappellons-le, il n'en reste pas moins qu'il ne creuse pas assez son sujet. Ses personnages ne sont pas assez complexes, leurs motivations restent floues, il manque une grosse réflexion sur le discours porté par le film, on attends que les personnages implosent, explosent, qu'ils montrent enfin leur rage, mais ces scènes sont réservées aux lymbes de nos protagonistes, et réservées au meeting final, plutôt cliché, peu colérique et peu libérateur en fin de compte. C'est le principal défaut de The Prodigies, là ou le livre pouvait être profond et captivant, le film râte quelque peu l'encoche, offrant une histoire correcte, mais qui, en étant plus appronfondie et plus fidèle, aurait pu/du faire de The Prodigies un film monumental. Mais ce n'est pas le seul défaut.

 

photo_The_Prodigies_2008_17

 

Le film est appuyé par une réalisation plutôt correcte, avec une caméra qui se ballade dans l'espace et le temps, parfois calme, parfois colérique, parfois vertigineuse, offrant des ralentis et des travellings de grande qualité. Si le film utilise l'animation pour styliser l'ensemble - qui n'aurait pas du tout eu la même saveur si le film avait été tourné avec de vrais acteurs et une ribambelle d'effets spéciaux il faut bien l'avouer - le côté graphique quand à lui ne plaira peut-être pas à tout le monde. Petit flashback; Antoine Charreyron a été réalisateur sur la seconde équipe de Babylon A.D, mais aussi et surtout réalisateur de cinématiques pour jeux-vidéos, et ça se remarque dans The Prodigies. Le film à beau avoir été tourné en motion-capture (elle a sans aucun doute été très basique) et avoir, globalement, un style visuel attrayant avec ses séquences s'inpirant de l'univers des comics et plongeant ponctuellement dans le fantastique pour décupler l'effet des scènes de "rage", la simplicité des graphismes, presque cartooniens, pêche parfois à retranscrir toutes les nuances psychologiques des personnages, ce qui est dommage puisqu'ils sont censés en avoir un paquet. Cependant ce n'est pas de la mauvaise foi, ni une question de goût si j'affirme qu'on pouvait s'attendre à beaucoup mieux, en témoignent les nombreuses textures douteuses présentes dans le film - vous savez, ces textures qui ressemblent à de gros pixels lissés dignes des jeu-vidéos des années 90, c'est juste impardonnable sur grand-écran.

En bref, c'est un avis mitigé. On peut voir le film comme un essai respectable quand on connait sa source, avec un style visuel assumé et une retranscription de la violence, qu'elle soit physique ou psychologique, bien présente, mais on peut le voir également comme un film à l'animation largement perfectible, et au scénario tout aussi perfectible pour qu'il atteigne le niveau d'intensité qu'il mérite. Quoiqu'il en soit, de mon humble avis, The Prodigies mérite d'être vu.

Publicité
Publicité
Commentaires
Coffee & Cigarettes.
Publicité
Coffee & Cigarettes.
Archives
Newsletter
Publicité