Bien, trois semaines sont passées, trois semaines sans pouvoir jeter un oeil à ce nouvel Evil Dead pour en dire du mal, voila qui est frustrant. Je jette donc à la corbeille le programme consacré à Gatsby, à Trance ainsi qu'au dernier film de Redford pour m'attarder sur autre chose. Revenge is a dish best served cold. 1974, année de naissance de Victoria Beckham, Tobe Hooper accouche d'un film qui construira les bases du Slasher-movie avant de devenir l'un des films d'horreur les plus cultes du septième art, Massacre à la tronçonneuse est né. On y découvrira les aventures de Franklin la tortue, accompagné des souris Jerry (sans Tom) et Sally (en référence au film Vendredi 13 puisque Jason est un poisson), ainsi que Pam qui ne sera pas accompagné de son ami Poum, du Capitain Kirk et de Bubba, le petit ourson. Si le film a subi de nombreuses suites, incluant le remake de Marcus Nispel et le reboot de Jonathan Liebesman, il a fallu attendre presque 20 ans après le film de Kim Henkel pour qu'une nouvelle suite fasse son apparition. C'est John Luessenhop, réalisateur de Takers qui s'en charge, mais on aurait préféré qu'il ne le fasse pas. Amusons-nous, en images.
Faisons les choses dans l'ordre; Massacre à la tronçonneuse 3D (la version 2013) commence avec un bref flash-back des évènements qui se sont déroulés le 18 août 1973, date à laquelle se déroulait les évènements du tout premier métrage réalisé par Tobe Hooper. Le film continue en racontant la suite des évènements, le lendemain (donc le 19 août 1973). On y découvre d'ailleurs un bébé (Heather) qui sera reccueilli, puis adopté. Enfin, la trame principale fait son entrée, elle se déroule en 2012 et on retrouve donc notre chère Heather (le personnage principal) avec quelques mètres de plus. Si on fait le calcul, on se rend compte qu'un fossé de 39 ans sépare ces deux périodes, la cohérence voudrait donc que Heather, le petit bébé sauvé des débris soit âgé de 39-40 ans, la voici telle qu'elle est dans le film :
Ça vous semble crédible ? On pourrait également s'amuser à déterminer l'âge approximatif de Leatherface, pour rigoler. On ne sait pas grand chose de lui sur ce point, mais dans le remake on apprend qu'il est né en 1939. Il aurait donc 73 ans, vous verrez par vous-même qu'il n'a pas besoin d'un déambulateur pour courir avec une tronçonneuse. La cohérence n'est donc pas au rendez-vous, un autre détail vient d'ailleurs appuyer ce fait. Plus tard dans le film, après moults évènements, Heather se retrouvera dans un commissariat après s'être fait attaquer par Leatherface (j'y reviendrais), le policier la laisse seule dans une pièce avec le carton des "évidences". À l'intérieur elle y trouve un journal daté du 19 août avec un article en première page qui raconte les évènements qui se sont déroulés... le 19 août (ceux qui nous sont présentés au début du film). Si on suit la logique, l'article aurait donc été écrit, publié, imprimé et distribué le même jour que ces évènements. Ah, ils sont rapides ces journalistes.
Bref, reprennons. Après l'introduction, le film démarre son histoire à l'intérieur d'un supermarché. Ou plutôt dans les coulisses d'un supermarché puisque nous nous retrouvons dans l'espace boucherie, choix judicieux lorsqu'on débute un film supposé sanglant vous en conviendrez.
Inutile d'avoir rempli une formation HACCP pour remarquer que l'endroit n'est guère respectueux envers les règles d'hygiène et de sécurité, un petit contrôle s'impose. On notera toutefois la délicatesse de Heather, le personnage principal, qui porte tout de même une blouse et des gants (ainsi qu'un bonnet et des bracelets, mais personne n'est parfait).
Evidemment, on se doute (plus ou moins) que ce personnage représente la fille "cool" du film, il va donc falloir combler le vide en rajoutant une pou... un autre personnage féminin dont la subtilité et la candeur crève l'écran. Je vous présente donc Nikki :
Pour l'anecdote, Nikki (jouée par Tania Raymonde) est belle et bien l'Alex Rousseau de la série Lost, c'est pas forcément évident au premier coup d'oeil. Notez au passage le sympathique figurant qui vient acheter sa viande en arrière-plan, la petite sacoche banane sur le côté pour la frime. Attention, si vous voulez montrer que vous avez du faire plusieurs prises pour une simple scène de discussion de trente secondes dans un supermarché, pensez à faire quelques faux-raccords. Cheveux en arrière...
Hop, cheveux sur le côté. Tiens, puisqu'on est dans le domaine capillaire laissez-moi vous présenter un autre personnage. Oui elle ne sert à rien mais sa coiffure mérite au moins une seconde. Remarquez également le chariot sur la gauche, garé pile devant un autre rayon. On est chef de rayon ou on ne l'est pas.
Mais revenons à nos moutons. Journée de travail terminée, on retourne à l'appartement pour y décrouvrir un nouveau personnage, Ryan, le copain d'Heather. Quoi de mieux pour introduire un black que de le mettre torse nu en lui faisant taper dans un sac. Notez également les deux petits dessins soigneusement installés dans le cadre, à gauche on a une sorte de main qui sort de terre et à droite... une soucoupe volante qui vient chercher des humains ?
Continuons donc dans le domaine artistique, sur le plan suivant on découvre un tableau, constitué de peinture et d'ossements divers. On apprends également que madame (ou monsieur !) aime dessiner des tourbillons et des femmes nues porteuses de maisons intra-utériennes.
C'est alors que notre amie va poser cette chouette question:
Non ma grande, tu es une artiste voyons. Plus tard, Heather décidera de partir pour le Texas afin de toucher l'héritage laissé par sa famille, une belle grande maison. On est en 2012, la jeunesse est folle et souvent riche dans ce genre de film, vous vous attendez à voir une superbe Camaro flambant neuve ? Un Hummer jaune poussin avec des jantes bien brillantes ?
Hop, faites entrer le splendide VW des années 80. C'est bien, ils ont pris le plus moche. Pour tenir le coup, ils décident de s'arrêter dans un supermarché pour acheter des vivres. On ne voit pas grand chose, mais les deux filles ressortent avec cinq sacs.
Comment ça tout ça ? Non, personne ne saura jamais ce que contenait les autres sacs, peut-être dans le prochain film. Quoiqu'il en soit nous allons pouvoir introduire le dernier personnage de la bande, Kenny, le copain de Nikki. Kenny aime percuter des pauvres gens égarés, et c'est ce qu'il fait avec Darryl, un personnage improbable, prétextant qu'il ne l'avait pas vu venir.
Il faut admettre pour sa défense que l'endroit est mal éclairé et bondé de monde :
Ils vont donc prendre ce pauvre homme en voiture pour lui éviter de marcher sous la pluie. Juste avant d'arriver à la maison, le réalisateur nous offre ce magnifique plan pour nous faire comprendre que l'endroit est hostile, que la menace plane au-dessus de cet endroit et que la mort les attends. Certains aurait choisi un corbeau, un sanglier ou un autre animal folklorique, si possible éventré, mais pas John Luessenhop.
Plutôt flippant n'est-ce pas. Ils arrivent donc sur place, son avocat lui tend une lettre. Il explique qu'elle provient de sa grand-mère et lui répète plusieurs fois qu'elle doit absolument la lire. Chose qu'elle ne fera évidemment pas. Plus tard, après avoir visité la maison, ils décident d'aller acheter à manger, des steaks pour être précis. Visiblement, les quatre mystérieux sacs remplis de nourriture achetés quelques minutes plus tôt n'en contenait pas. Ils partent donc faire les courses et laissent Darryl, un inconnu récupéré sur la route rappellons-le, tout seul. Dans leur maison. Avec le trousseau de clefs. Règle n°1: Dans un film d'horreur, les personnages principaux doivent être idiots.
Monsieur fait donc comme chez lui, et puisqu'on lui a confié les clés de la maison et il y va à coeur joie. Il remarque d'ailleurs que sur le trousseau se trouve une grosse clé, et qui dit grosse clé dit grosse porte, donc peut-être gros butin, il va donc partir en quête du Graal jusqu'au moment où...
Tiens ? Ne serait-ce pas une porte secrète superbement camouflée dans le mur ? Il ouvre donc cette porte, puis une autre, descend un escalier et y trouve une pièce secrète, ainsi qu'une nouvelle porte. Je reviendrais sur cette porte plus tard, Darryl se fait honteusement tuer, fin de l'histoire, on peut passer à autre chose. Quoique, faisons juste un petit apparté, si vous avez lu ma critique de The Barrens, vous vous souviendrez peut-être de ce que j'ai dis sur les Shérifs...
Bref, plus tard pendant la soirée, alors que tout le monde est rentré des courses et qu'ils ont compris que Darryl n'était pas un sain, ils prennent un peu de temps pour se détendre. Soudain, Nikki vient interrompre Marvin alors qu'il fait tranquillement une partie de billard. Tout seul. Elle le traine jusqu'à l'écurie prétendant avoir vu quelque chose de malsain, elle semble effrayée. Laissons parler les images.
Ça, c'est fait ! C'est à peu près du niveau American Pie, dans un film d'horreur c'est toujours de très bon goût. Pendant ce laps de temps, Heather continue de faire le tour sa nouvelle maison pendant que ses amis s'envoient en l'air et/ou se font tuer. Puis elle tombe subitement sur le corps de sa grand-mère décédée que personne n'a daigné vouloir enterrer. Elle a peur, vous pensez bien, elle se précipite donc pour prévenir les autres.
Mais quelle ne fut pas sa suprise lorsqu'elle découvrit par inadvertance ce noble individu préparant à manger dans la cuisine:
Pof, le grand méchant l'emmène dans sa taverne et en profite pour découper Kenny, ce qui laisse à Heather le temps de s'enfuir. Oui parce que toutes les portes sont restées ouvertes, c'est mieux quand on capture quelqu'un.
Wait for it...
Pof. Ne vous inquiétez pas elle n'a rien, elle est solide. Mais le tueur continue de la poursuivre avec sa tronçonneuse, elle continue donc sa petite ballade.
Wait for it...
WAIT FOR IT...
Pof. Elle se retrouve donc dans le cimetière près de la maison (règle n°2: dans un film d'horreur, les maisons sont toujours proches d'un cimetière), elle n'a nulle part ou aller, si ce n'est dans toutes les directions et une forêt visiblement immense, mais ou décide t-elle subitement de se cacher ?
Dans un cercueil. Parfait, un endroit clos sans aucune issue de secours, il ne manque plus qu'un miracle pour la sauver. Et le miracle arrive, puisque Nikki et Marvin sortent enfin de la grange et se rende compte qu'un homme est en train de tronçonner un cercueil en pleine nuit, ce qui est plutôt inhabituel. Ils attirent le méchant et retournent se réfugier dans la grange, l'un s'arme d'une pelle, l'autre d'un fusil (parce qu'il y a un fusil en état de marche dans la grange, oui). Et voila la grosse punchline du film:
Notons pour l'anecdote que Leatherface, le méchant du film, est justement originaire du Texas. Mais chut, Nikki ne le sait pas. Passons. Quelques minutes plus tard ils arrivent à s'enfuir à bord du van, se font rattraper par le tueur et terminent leur course dans un ravin quelques mètres plus loin (car le tueur a eu le temps de découper une roue au passage). La course poursuite continue à pied, toujours avec Heather. Elle tombe comme par miracle sur le carnaval du village mais aucune des huit cents personnes présentes daigne lui filer un coup de main. Soudain elle se retrouve piégée vers une grande roue. Et là, si vous êtes normalement constitués vous vous dites: Non, elle ne vas pas...
Eh bien si, elle s'accroche à la roue. UNE ROUE. Donc Leatherface, pragmatique, n'a plus qu'à attendre qu'elle redescende. Il faudrait un miracle ? Alors miracle, la cavalerie arrive, s'en suit un magnifique lancé de tronçonneuse. Plus tard elle décide d'appeller Farnsworth (son avocat) pour avoir quelques renseignements sur toute cette affaire de meurtres et compagnie. Ils se rejoignent dans un bar, discutent, Burt arrive, ça sent le roussi, elle décide de fuir. Attention, leçon de montage. Elle sort du bar en courant :
Elle s'apprête à traverser une route, pour s'assurer qu'il n'y a aucun danger elle regarde à droite une fois :
Deux fois :
Donc là logiquement, si menace il y a, elle devrait venir de la gauche ?
Eh bien non, une voiture déboule de nulle part, face à elle. Pas évident à éviter n'est-ce pas ? Elle se fait donc attraper et pour éviter qu'elle ne dévoile ce qu'elle vient de découvrir, elle se fait trainer jusqu'à l'abbatoir du coin et se retrouve attachée avec des cordes. Evidemment elle essaie de se défendre et là... le réalisateur se dit que ce serait l'endroit idéal pour ajouter un peu de nudité, admirez-donc la qualité de mise en scène et le travail de recherche effectué en amont pour mettre au point cette séquence. Bon, là on va lui attacher les mains.
Puis comme elle a envie de se défendre, elle lui mettra un petit coup de pied dans la jambe :
Et comme ça bah... le mec il perd un peu l'équilibre :
Et puis vu qu'il a rien sur quoi se rattraper... on fera comme si il arrachait un peu son bouton de chemise quoi :
Hein ? C'est pas mal ça, t'en penses quoi ?
Et ainsi de suite jusqu'à la fin. Heather prend enfin le temps de lire la lettre que lui a écrite sa grand-mère avant de mourir (elle y apprends que Leatherface est enfermé dans le sous-sol de la maison, que c'est son cousin... bref, tout ce qu'elle aurait du savoir pour éviter le massacre). Elle lui demande d'avoir pitié de Leatherface, d'être gentil avec lui, de l'aider, et en retour il l'aidera aussi. Alors récapitulons, Leatherface est le cousin d'Heather, c'est aussi un tueur en série, il a massacré ses amis, son mec, en a presque fait de même avec elle, mais elle s'en fout royalement et préfère oublier tout ça pour protéger sa famille. Mignon n'est-ce pas ? Oh un dernier petit détail avant de conclure, dans la lettre la grand-mère fait objet d'une porte en métal qui renferme une cave à vin (celle que Kenny essaie d'enfoncer vers le début du film - là ou il crève), un joli plan nous la montre une nouvelle fois pour nous rafraichir la mémoire :
Le détail drôle c'est que depuis le début du film, cette porte... est en bois. Tout comme le scénario, et tout le reste. Si on peut retenir quelques scènes de boucherie sympathiques (bien qu'on ait vu mieux ailleurs, et de nombreuses fois), et des scènes particulièrement drôles (malgré elles), ce nouveau volet de TCM est une daube sur tous les points. Direction photo bancale, acteurs partiellement mauvais, mise en scène désastreuse, les chefs décorateurs sont à la ramasse, tout comme le réalisateur, l'histoire se cale grossièrement sur le premier volet et enchaine les incohérences... et on ne sait toujours pas ce qu'il y avait dans ces foutus sacs en plastique !