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Coffee & Cigarettes.
10 juin 2012

Iron Sky

Iron sky de Timo Vuorensola.

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Si vous surfez régulièrement sur le web [note: une planche de surf peut rayer l'écran de votre ordinateur, don't try this at home], vous êtes peut-être tombés sur le buzz d'Iron Sky, notamment cette bande-annonce contenant des ovnis, des explosions, des croix gammées et un billet pour Valhalla. Alléchant, n'est-ce pas ? Après les robots de Transformers, c'est au tour des Killers Nazis from Outer Space de débarquer de la face cachée de la lune. Réalisé par Timo Vuorensola, connu pour avoir pondu une des parodies de Star Trek en 2005, Iron Sky est un film plutôt étonnant.

Pour parler d'Iron Sky, il suffit de décrire les premières minutes du film. Après une jolie séquence d'intro spatiale sous fond de musique d'ascenceur, un cosmonaute terrien (noir et mannequin, pour la forme) se fait capturer par des soldats nazis cachés depuis 1945 sur la face cachée de la lune, préparant leur retour sur terre. Notre ami cosmonaute tentera d'attiser leur sympathie en leur racontant qu'il aime la choucroute après avoir entendu un soldat prononcer "sauerkrat" dans une des ses phrases. Voila, Iron Sky est un grand délire mis en image pour le plaisir des spectateurs qui aiment le second degré, et les films un poil déjantés.

 

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Comme on peut s'en douter, le film mélange les genres cinématographiques. Du film de guerre jusqu'à la SF en passant par la comédie, le film réussit l'exploit de ne pas sombrer dans le nanar ou encore dans cette flopée de métrages ratés de la nazisploitation malgré son scénario improbable. La comédie est assumée de bout en bout, il n'y a pas de gag de mauvais goût, de disserte philosophique sur l'idéologie nazie, sur les juifs ou encore sur le racisme, tout n'est prétexte qu'à la comédie pure. Le film s'amuse d'ailleurs à tourner en dérision un certain nombres de sujets et de personnages, des nazis jusqu'au communisme de la Corée du nord, en passant par Madame Palin qui en prend également pour son grade. Et si l'invasion nazi semble être une idée totalement farfelue, il faut admettre que le scénario, écrit par Johanna Sinisalo (qui serait, à ce qu'on dit, une des plus grandes écrivaine finlandaise, je n'y suis pas allé pour vérifier), tient plutôt bien la route. Sans être original pour autant, le film va se poser en pamphlet et critiquer la guerre, l'état, les dirigeants avides de pouvoir (et un peu le fascisme, oui), et il le fait bien. On remarque d'ailleurs la carrure américaine donnée au métrage (comme c'est souvent le cas dans cette catégorie de films, l'action se déroule presque exclusivement en amérique). Un choix probablement judicieux quand un film encore trop peu connu veut espérer se transformer en blockbuster.

 

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Et que faut-il dans un blockbuster SF ? Des combats spatiaux, des vaisseaux et des bases installées sur une planète autre que la terre. C'est sans aucun doute dans cette partie du film qu'Iron Sky devient réellement surprennant. Notons pour l'anecdote que le film est avant tout un fan-made, il a été tourné avec un budget de 7.5 millions d'euros, dont un million a été récolté grâce aux dons de fans à l'époque ou le film était encore au stade de projet. Avec un budget aussi minime, Vuorensola a réussi à créer des des effets spéciaux et des séquences qui ont franchement de la gueule en plus d'être efficaces. C'est sans parler de la direction artistique qui n'a pas à rougir fâce aux grosses productions du même genre.

Alors certes, tout n'est pas parfait. L'ensemble est plutôt inégal, on trouve de jolis plans "spaciaux" (de la scène d'intro jusqu'à la scène de clôture ou les impacts de missiles nucléaires s'accordent en silence sur quelques notes de piano), des séquences dantesques (comme ce combat stellaire accompagné du Ride of the Walkyries de Wagner, Georges Lucas devrait apprécier - les références à Star Wars sont d'ailleurs assez nombreuses), de chouettes décors, des vaisseaux classieux (la mécanique du vaisseau nazi pourrait en faire une belle pièce de musée), mais on trouve aussi des animations qui manquent de fluidité, des costumes bien cheap (le costume de cosmonaute au début, notamment), des incrustations un poil foirées et des décors parfois pauvres, sans vie. C'est un peu dommage que la qualité ne soit pas la même tout au long du métrage, mais il faut le rappeler, le budget n'est pas énorme, au vue de la qualité globale du film c'est donc largement pardonnable.

 

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Concernant le cast, on trouve Julia Dietze, Götz Otto (qui jouait un garde SS dans La liste de Schindler), Christopher Kirby, Tilo Prückner, Stephanie Paul (la scène de "baston" filmée au ralenti dans un bureau remplis de dirigeants pendant qu'un mec chante l'hymne nationnal américain avec une voix mielleuse ne manque que de quelques secondes pour devenir culte), sans oublier Udo Kier qu'on a pu voir dans Werewolf Women of the SS  (pour rester dans le thème) de Rob Zombie, un des faux trailers qui accompagnait la saga Grindhouse de Rodriguez et Tarantino. Si tous n'ont pas forcément un grand talent d'actorat dans le fond, il faut admettre que pour un film qui se pose entièrement sur le second-degré, ils s'accordent tous parfaitement à leur personnage.

 

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Bref, Iron Sky est une belle surprise et devrait ravir les amateurs de série B et de films au scénario improbable. Avec quelques séquences épiques, une direction artistique de qualité et de bons effets spéciaux (même si inégaux), le seul reproche qu'on peut faire au film c'est de ne jamais vraiment être un pur blockbuster. Beaucoup de parlotte, peu de scènes d'action, le rythme du film en pâtit un peu sur la longueur. Il ne faut pas oublier que c'est un film financé (en partie) par des fans et produit (en grande partie) pour des fans, il faut savoir l'apprécier à sa juste valeur. Si vous aimez ce type de films, jetez-vous dessus, si vous n'avez pas le moindre soupçon de second degré ou si vous vous attendez à de la pure SF et des combats à la Transformers, passez votre chemin.

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