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Coffee & Cigarettes.
16 mars 2011

Tron l'héritage

 

Tron Legacy de Joseph Kosinski.

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Tout juste 30 ans après le Tron de Steven Lisberger, c’est Joseph Kosinski qui décide, pour son premier film sur grand écran, de reprendre les commandes et de tenter de pousser une nouvelle fois les limites de la technologie, comme ce fut le cas de Lisberger en 81. Plutôt hard comme challenge, la question qu’on pouvait se poser c’est : qu’est-ce que Kosinski peut apporter de plus... réponse ? Pas grand chose.

Parlons informatique, parlons effets spéciaux. Certes, l’évolution technologique étalée sur ces 30 dernières années est tout simplement énorme, aujourd’hui il n’y a (presque ?) plus de limites à la création, fini le temps ou même une simple souris était une denrée rare, et tout ce bel attirail est relativement bien mis en pratique dans ce Tron Legacy, peut-être même trop, mais on y reviendra. Les effets spéciaux sont donc le gros point du film (à voir le nombres de scènes, de décors, d’objets, de personnages, bref à voir tout le travail de post-prod qui a été fait, on est en mesure de se demander si, par définition, on peut encore nommer ce genre de métrage un « film »), le travail d’architecture, de design, les courses de motos, les combats de disques, les costumes qui s’éclairent d’eux-mêmes et j’en passe, avouons-le, ça mérite le coup d’œil (ah, tout ce travail a été orchestré dans les studios de Digital Domain, soit la compagnie de ? M.Cameron ! tout s’explique) - je ne parlerais pas de la 3D puisque je n’ai pas vu le film dans cette version. La palme revient à cette motion capture qui permet de donner vie au Jeff Bridges virtuel avec un réalisme relativement bon, bien qu’encore trop superficiel (la texture informatique n’est pas encore suffisamment précise pour modéliser fidèlement toute la complexité d’un visage, ça a beau s’approcher de la perfection, on remarque ce côté cheap dès le premier plan). D’ailleurs à ce propos, pourquoi avoir donné une apparence virtuelle à ce Clu alors que les autres personnages sont bien réels ?

Je ne pourrais pas dire le contraire, le film est un véritable spectacle visuel, c’est beau, c’est propre, c’est sombre, ça s’éclaire dans tout les sens (parfois trop), la modélisation des véhicules (la création d’une moto à partir d’un petit bâton en plastique, si vous préférez) est vraiment chouette… enfin tout est classe niveau effet spéciaux, je veux bien l’accorder. Est-ce novateur pour autant ? Non, tout ça figurait dans le premier opus, tout ça figure dans d’autres jeux-vidéos, dans d’autres films, pour couper dans le lard on pourrait tout simplement dire que Kosinski a modernisé le Tron de Lisberger, parce qu’il a les moyens et la technologie qui lui permet de le faire, rien de plus. Donc une petite leçon de base s’impose pour le Joseph: quand on veut faire un film de cet acabit, on fait en sorte que les effets spéciaux servent le film, non l’inverse. Et quand on fait une suite, on s’attarde à trouver au moins quelques éléments nouveaux pour éviter que son métrage soit plat.

Oui, parce que le film a beau étaler la pointe de la technologie sous nos yeux, il n’en reste pas moins que le scénario est une bouse ; Kevin Flynn disparaît du jour au lendemain, son fils Sam joue le rebelle jusqu’au moment ou il se retrouve embarqué dans ce monde virtuel pour retrouver son papa, et le ramener dans le monde réel. Du lourd, n’est-ce pas ? Rapprochement douteux, mais je dois avouer que voir le logo Disney sur l’affiche d’un film me repousse quelque peu ; étrangement c’est toujours le même type de scénario, une morale de bas étage, des dialogues et des relations entre les personnages qui suintent la niaiserie, une sorte d’emballage marketing qui peut complètement détruire un film, et ce Tron n’y fait pas défaut. La relation père/fils entre Sam et Kevin lorgne au ras des pâquerettes, offrant quelques perles de dialogues qu’on croirait tout droit sorti d’un Twilight métaphysique et quelques scènes relativement risibles, Kevin qui tente de créer un monde parfait mais évidemment ça foire, Clu (le double virtuel de Kevin, donc) qui fait volte-face et qui prend le rôle du monsieur pas gentil en voulant à son tour créer son propre monde et, tant qu’à faire, bâtir une armée pour conquérir le monde réel, le fils qui doit sauver son papa qu’il a perdu depuis des années (la scène de retrouvaille est émotionnellement inerte, soit dit au passage), la jolie demoiselle sortie de nulle part (c’est le cas de le dire) qui va faire les yeux doux à notre jeune rebelle… avouons-le, c’est très niais. Mais si les ficelles du scénario sont aussi fines qu’un rouleau de fil dentaire,  s’il est plombé par ses lignes de dialogues qui à l’occasion se perdent dans un grand n’importe quoi, par sa morale, et à l’occasion par ses acteurs, l’autre problème vient du fait que l’on attendait un peu plus de développement sur cette interaction entre le monde réel et le monde numérique.

Là ou le premier opus était avant-gardiste, c’est (entre autre) parce qu’il a tout simplement eu l’idée qu’un monde informatique pouvait exister, que la technologie de l’époque permettrait plus tard une immersion complète et une fusion entre la réalité et le virtuel, chose qui pouvait certainement sembler irréel à l’époque. Pourtant à l’heure actuelle l’informatique est ancré dans le monde réel, au point d’en être un des pilier fondateur. Mais, là ou les frères Wachowski avaient réussis à être suffisamment visionnaire pour rendre leur Matrix crédible, Kosinski fait de son Tron un banal divertissement qui oublie complètement de s’attarder sur ce point – on pourrait même croire qu’il veut aller dans le sens inverse, c’est dire.

Autre point, le son. Désolé de contredire beaucoup de gens, mais non, ce n’est pas parce qu’on voit inscrit « Daft Punk » sur un bout de papier que l’on peut subitement crier au génie. Nos deux compères ne se sont pas foulés, l’OST est relativement plate, collante, complètement banale et bien loin de ce que ces deux gaillards peuvent offrir. Même si je peux me risquer à faire un rapprochement avec Hans Zimmer (certains tracks ont clairement la couleur d’un Inception), l’ensemble n’est au final qu’une série de partitions qui s’accordent bêtement à l’image (bien qu’elles soit lourdes, à la longue) mais qui, sans image, n’ont aucune saveur. Si vous pouvez écouter en boucle une B.O d’Ennio Morricone tranquillement chez vous, il sera difficile d’en faire de même avec celle-ci.

Côté personnages, on retrouve Sam, joué (le mot est fort) par Garrett Hedlund qui semble être à la masse du début à la fin du film, au point qu’on se demande parfois s’il se passe quelque chose dans son crâne, le double rôle de Kevin et Clu incarnés par M.Bridges qui fait de son mieux pour soulever ces lignes de dialogues et monologues soporifiques, Quorra, l’associée ( ?) de Kevin sous les traits de la belle Olivia Wilde (pléonasme) à qui l’on offre simplement l’occasion de nous faire une pose moyennement naturelle mais parfaite pour en tirer un fond d’écran de qualité, ou encore Castor (quel beau nom) joué par Michael Sheen qu’on a déguisé en ersatz de Ziggy Stardust, pour la peine.

En conclusion, Tron Legacy est un upgrade technologique mais un downgrade scénaristique du premier volet, un recyclage trop bancal, trop banal, mal dirigé, parfois mal réalisé, et posé sur un scénario quasiment inexistant qui fait de ce métrage un film d’animation, voir un joli clip vidéo plutôt qu’un film à part entière. La seule raison valable pour le regarder est donc de laisser son cerveau dans un coin et de profiter autant de cet impressionnant monde graphique que des quelques apparitions d’Olivia Wilde.

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