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Coffee & Cigarettes.
14 avril 2013

Oblivion

Oblivion de Joseph Kosinski.

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Vous le savez, ou vous ne le savez pas, l'année 2013 va être science-fictionnesquement chargée. After Earth, Star Trek, World War Z, Elysium et j'en passe, l'heure n'est pas à la retraite pour notre bonne vieille Terre. Et c'est tant mieux ! Aujourd'hui c'est Joseph Kosinski, réalisateur de Tron : L'Héritage qui nous offre un petit vol jusqu'en 2077 pour nous conter l'histoire d'un homme chargé de surveiller/réparer des drones permettant d'extraire les dernières ressources d'une Terre dévastée suite à des décennies de guerre contre "une force extra-terrestre terrifiante" (parce qu'une force extra-terrestre toute douce et soyeuse c'est tout de suite moins tragique). Oh, attendez, la Terre est une poubelle, les humains partent en exode dans l'espace, des robots puisent les ressources terrestres, un "mécano" vit ici avec sa dulcinée jusqu'à ce qu'une autre femme tombe du ciel... non je ne dirais pas que ça ressemble à Wall-E. Parce que Wall-E, c'était bien. Notons pour la rigolade que les deux personnages principaux s'appellent Jack et Julia, c'est recherché. On est passés pas loin de Jack et Julie ! Hein, Adam ?

 

 

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Ok calmez-vous. Même si Oblivion est vu par certaines critiques comme le meilleur film de SF depuis des lustres, je n'irais pas jusqu'à lui accorder autant de crédit. Terre dévastée, extraterrestres, humains dans l'espace ou tués par des robots, des histoires de mémoire effacée et de clonage, le film est un pot-pourri regroupant quelques-uns des éléments phares de la science-fiction. Pour l'originalité il faudra repasser plus tard mais là n'est pas le problème, le tout est de les emboiter correctement et de leur donner du sens, ce qu'Oblivion ne fait pas vraiment. Le script n'est pas inintéressant, il a quelques bonnes idées et une trame de fond pas déplaisante, il est seulement mal utilisé. Chaque prétendu retournement de situation est prévisible à des kilomètres (la femme, le clone, GLaDOS, tout), il n'y a aucune surprise, aucune tension dramatique notable, le film ose même sombrer dans sa série B quand il s'agit de mettre en scène les "méchants" du film (masque qui fait peur, lunettes noires, cigare au coin de la bouche, dialogues niaiseux, original). On constate d'ailleurs aisément l'omniprésence de Cruise à l'écran (alors que son personnage n'est pas mieux écrit que les autres), laissant les seconds rôles sombrer dans le néant comme Andrea Riseborough ou encore notre ami Morgan Freeman, quasiment réduit au stage caméo. Et bien évidemment, puisque tout le monde s'y met, Kosinski nous lance une petite histoire d'amour dans les pattes pour faire joli, parce que l'amour c'est beau, c'est Bosch. Dire que cette relation ne vole pas bien haut serait un euphémisme, étant donné qu'on sait précisément qui est qui depuis le début ça ne nous surprend pas, mais le côté paradoxal de la chose c'est la présence quasi-anecdotique d'Olga Kurylenko. Elle est l'élément qui va permettre au récit de se retourner, donc un des éléments principaux, et pourtant elle est tellement peu utilisée et tellement vide que tout ce qui se passe à l'écran entre nos deux tourtereaux ne nous fait strictement aucun effet (on aurait pu se passer de la dernière séquence du film d'ailleurs).

 

 

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Si le scénario n'est pas mauvais en soi, il est donc massacré du début à la fin par cette mise en scène bancale, par une direction d'acteurs inexistante, une mauvaise répartition des rôles et un montage relativement criminel. Il suffit de voir comment le film ruine ses travellings (alors que beaucoup sont de qualité) avec des plans de coupe qui ne servent à rien (le "duel" Tom Cruise Vs. Robot terminator dans l'appartement est un bon exemple) ou un sens du rythme qui empile les fausses notes (un joli plan large aérien, bien cadré, bien équilibré, ça mérite plus qu'une demi-seconde). Et ce montage douteux va même s'immiscer un peu n'importe où, même au travers de séquences plus "intimes". Exemple 1 : Tom et sa femme sont tranquillement en train de manger et de discuter autour d'une table quand Madame décide de se lever subitement pour aller se baigner à poil dans la piscine. Normal. Exemple 2 : Tom est en mission, il vient d'interrompre un signal suspect et se décide à aller faire un peu de repérage. Mais en fait non, il préfère s'arrêter dans un coin de verdure, enfiler des habits de bûcheron et parler avec des poissons en écoutant du Led Zeppelin. Cest alors qu'un vaisseau sorti de nulle part tombe dans le ciel à quelques mètres de lui. La coincidence au cinéma, un bon sujet.

 

 

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On trouvera quelques petites choses rigolotes aussi dans Oblivion. Par exemple on verra qu'il est posible de réparer un drone avec du chewing-gum, que certains "bip" d'alarme super tip-top moderne font le même bruit qu'un jeu Super Nintendo ou encore qu'on peut faire du rappel dans une grotte en accrochant sa corde à une moto, parce que c'est quand même vachement stable, une moto. Notons au passage que Tom se fait voler cette même moto dans le film (on comprendra plus tard que ce vol n'avait aucun intérêt), il est à on-ne-sait combien de kilomètres de son vaisseau mais il arrive tout de même à rentrer chez lui alors que le soleil ne semble pas avoir bougé d'un poil. On pourrait également se demander pourquoi il prend une moto alors qu'avec son vaisseau il pouvait en faire de même, mais on lui accorde ce point, c'est quand même plus fun sur deux roues. Mais le détail le plus drôle concerne l'affiche car oui, j'aime les affiches. Celle d'Oblivion est assez chouette, police simpliste, ton faussement monochrome, on y voit les quelques derniers étages de l'Empire State Building rogné par la roche et embrassé par une jolie cascade. L'ennui c'est que dans le film... on ne voit que le bout du building, il est à 20 ou 30 mètres d'un pauvre ravin et il n'y a pas l'ombre d'une goutte d'eau, le tout est baigné dans un silence qui démontre clairement qu'il n'y a aucune cascade vertigineuse dans les parages. Pondre une affiche avec un artwork qui n'est jamais présent dans le film, il fallait oser.

 

 

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Le point fort du film (du moins, un point-virgule), c'est sa plastique. Outre la somptueuse palette de décors qui s'offre à nous, Kosinski va nous congratuler d'un travail de réalisation certes simpliste, mais tout de même parsemé de quelques beaux plans et mouvements de caméra ; des étendues désertiques jusqu'à la course-poursuite façon Star Wars des temps modernes, en passant par la scène finale avec une gestion de l'espace plutôt convainquante, il y a de quoi se satisfaire la rétine. D'ailleurs le réalisateur n'a pas souhaité faire trop de spectaculaire et on le remercie, il n'y aura donc pas de grosses explosions, de destructions quelconques ou de robots géants qui se tirebouchonne sur un immeuble comme un vieux slip moite. Heureusement puisque certaines séquences semblent souffrir d'un framerate assez léger, mais difficile de dire si ce problème vient du film ou de la salle de projection donc je n'en tiendrais pas compte. En revanche je poserais la virgule de mon point sur la qualité artistique des divers objets présents dans le film, comme le fusil ou la fameuse moto de notre petit Tom qui ressemblent à des trucs en plastiques achetés chez Toys 'R' Us, sans oublier l'appartement dans lequel séjourne notre héros qui est bien trop clean et bien trop propre. Propre, c'est le mot, comme si on balançait un I-Phone tout neuf au milieu du purin, on (ok, je) aurait bien voulu voir quelque chose d'autre pour le coup. Idem pour l'OST, si la musique composée par M83 n'est pas désagréable en soi elle reste assez proche de ce qu'on fait les Daft Punk sur Tron - mais cette fois c'est un peu moins plaisant de gober des notes electro sur un film de cette trempe, surtout quand elles sont placées n'importe où dans le film et qu'elles ruinent une partition classique qui n'en a absolument pas besoin.

 

 

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On pourra également noter une légère impression de déjà-vu dans les décors ou au travers de quelques scènes ; on pensera parfois à 2001 (parce qu'il y a des vaisseaux spatiaux), à Top Gun (parce que Tom Cruise est dans un truc qui vole), à Tron (parce que les vitres sont bien propres), à King-Kong (parce qu'il y a l'Empire State Building), à Prince of Persia (parce qu'il y a du sable) et à Glee (non là je vois pas). Si les amateurs de Portal trouveront une ressemblance frappante entre les robots d'Oblivion et notre cher Wheatley (qui devient un mélange de HAL et de Terminator sans sa carrosserie Apple), la seule similitude qu'on pourrait reprocher réside dans ces quelques minutes ou l'on voit Tom Cruise affublé d'une casquette des Yankees, la même qu'il portait dans La Guerre des Mondes. Ah, l'amérique et le baseball. Peut-être qu'un jour on fera un film de science-fiction français où les protagonistes porteront des bob Cochonou et seront nostalgiques des tournois de pétanque, qui sait.

 

 

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Bref, si Oblivion séduit sur le plan graphique, il lui reste un goût d'inachevé dans l'écriture. Soit trop rapide, soit trop lent, le rythme du film est sans cesse mis en branle par un montage torché à la va-vite, le scénario aurait mérité une bonne dose de métaphysique (et de surprise) pour lui donner l'ampleur qu'il méritait, les personnages n'ont quasiment aucune profondeur - les seconds rôles sont d'ailleurs complètement sous-utilisés - et on sort de la salle avec une étrange impression de vide malgré les deux heures de métrage. Pas inintéressant, mais pas indispensable pour autant.

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