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Coffee & Cigarettes.
19 décembre 2010

Monsters

 

Monsters de Gareth Edwards.

critique_film_monsters_gareth_edwards

 

Grosse surprise, autant par la création du buzz qui a porté le film sur ses épaules en utilisant bon nombre d’adjectifs… flatteurs ou non, que par la destruction de ce même buzz après avoir terminé le générique final.Oui, on pouvait s’attendre à un autre film sci-fi, mélangeant action et gros monstres pas gentils, flirtant avec District 9 ou Cloverfield, mais au final on se retrouve avec un film indé présenté sous forme de road movie et qui, au final, n’a pratiquement aucun lien avec les films suscités.

Monsters commence avec les quelques phrases qui serviront à poser le décor; « Il y a 6 ans, la NASA découvrit l’existence de vie extraterrestre dans notre système solaire, une navette fut envoyée collecter des échantillons mais elle se désintégra à son retour au dessus du Mexique. Peu après apparurent de nouvelle formes de vie et la moitié du pays fut isolée en tant que zone infectée. Aujourd’hui les armées mexicaines et américaines continuent d’essayer de contenir les créatures ».

S’en suit une rapide scène filmée en vision nocturne montrant l’attaque de soldats de l’armée US par ces fameux monstres, rappelant un peu ceux de La guerre des Mondes (la dernière scène s’apparente plus ou moins à celle qu’a fait Spielberg d’ailleurs) - oui on voit à quoi ressemble les créatures dès le début, pas au complet certes, mais on en a déjà un bon aperçu - et hop, on change de décor pour intégrer les deux personnages principaux.

L’action, il y en a très peu, les monstres, on ne les voit quasiment pas, seules quelques apparitions, quelques bruitages, quelques restes (des épaves de tank, d’hélicoptères, d’avion de chasse ou d’avion de ligne, de bateaux jusqu’aux quelques traces de sang) et l’usage du hors-champ parsèmeront les 1h30 jusqu’aux dernières minutes du film mais là encore, surprise, alors qu’on peut s’attendre à quelque chose de… monstrueux, on se retrouve avec une scène étonnamment belle et qui va s’accorder tout en finesse avec la fin – fin qui peut, à première vue, laisser un goût… d’inachevé , seulement ce qui se passe ensuite n’a aucun intérêt, donc finalement c’est convenable.

La force du film se construit de l’intérieur, dans un monde post-apocalyptique coupé en deux par une zone infectée et peuplées d’extraterrestres et qui pourtant ne s’arrête pas de vivre. Là ou l’apparition de monstres au cinéma est souvent couplée à une atmosphère de terreur, de folie, ici la vie est belle et bien présente, les monstres sont totalement intégrés au pays, à la culture, au quotidien, les gens sont heureux, les enfants jouent avec des masques à gaz, tous s’adaptent en étant presque indifférents de ces créatures qu’on retrouve partout (des journaux télévisés qui semblent passer les mêmes images en boucle jusqu’aux graffitis sur les murs, en passant même par les émissions pour enfants) ou de cette Infected Zone. La nature semble s’adapter aussi, au point de voir des arbres accueillir les œufs extraterrestres, tout comme les monstres qui finalement vivent leur vie à la manière de l’île de Jurassic Park.

Mais évidemment, l’homme est là, ce qui renvoi à la partie "critique" du film. Un petit côté politique, un petit côté écologiste, un petit côté immigration, un petit côté… ? Oui, non, oui, non… sinon on peut voir une critique assez basique, le film démontre comment l’homme fait face aux catastrophes naturelles (oui, finalement c’est une forme de vie qui est apparue, c’est pas un débarquement alien), et ce en dépit des dommages collatéraux, comme le prouvent d’une certaine façon les dernières répliques de la scène d’intro: « il y aura plus de pertes si on utilise le napalm – Feu autorisé ? – Allez-y ». Il démontre son adaptation, qu’elle soit naturelle, sociale, hostile, ou profiteuse comme le fait de payer 5000$ pour un trajet USA-Mexique (oui mais avec un masque à gaz offert !) contre finalement 10 000$ pour bêtement traverser la zone infectée à pied au risque d’y laisser la peau (oui, on peut aussi se demander pourquoi les gens le font, ça a l’air sympa le Mexique vu comme ça).

Au final le titre du film est quelque peu détourné, on ne montre pas les conséquences d’une vie extraterrestre sur le sol terrien, mais plus la façon dont s’adapte l’homme à ce qui est/était un paradoxe, c’est une approche différente.

Bref, donc on a une histoire de monstres, enrobée d’un road movie, et évidemment une petite romance grâce à nos deux amis. Des personnages qui fonctionnent plutôt bien, bien intégrés dans l’histoire et relativement crédibles. Ils ont plutôt intérêt puisque tout le film repose sur eux. Et c’est sans oublier la réalisation, vraiment très chouette, Edwards a prit le temps de travailler ses prises de vues autant que sa photo, au point de nous offrir une flopée de plans vraiment superbes.

Donc même si on peut trouver le film un peu limite côté scénario (ce qui est le cas, il faut l’avouer), ou même que l’ensemble du film est, dans le fond, un peu cliché (ce qui n’est pas totalement faux non plus), ça reste un métrage qui a beaucoup de mérite, non seulement parce qu’il est (finalement) inatendu, parce qu’il est relativement modeste, et parce qu’Edwards est un mec intelligent, qui a su tirer un bon parti de son budget ridicule pour en faire un film tout à fait respectable.

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