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Coffee & Cigarettes.
2 juillet 2012

Entracte : Max Payne 3

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On est lundi, il pleut, donc pour passer le temps jusqu'à mercredi je vais me diversifier un peu. J'essuie pas mal de déceptions en ce moment, du cinéma avec ce Prometheus que je n'arrive décidément pas à apprécier alors que j'en attendais beaucoup, jusqu'à la série TV avec cette dernière saison de Fringe que je viens de terminer (qui contient un épisode qui n'a quasiment rien à foutre dans cette saison, je vous laisse deviner lequel), en passant par moi-même et ma fenêtre de voiture que je laisse bien ouverte en plein orage, les temps sont durs. Et ils sont durs également du côté jeu-vidéo avec ce nouveau Max Payne que les fans - et les autres - attendaient... plus ou moins impatiemment.

 

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Pour ceux qui ne connaissent pas Max Payne, à la base c'est l'histoire d'un flic porté par l'American Way of Life, dont la vie qui marche comme sur des roulettes bascule brutalement en espace de quelques minutes. Sa femme est son enfant se font assassiner, presque sous ses yeux, par des bad-guys sous l'influence d'une nouvelle drogue appellée la Valkyrie. Max sombre dans une profonde dépression et intègre le milieu mafieux pour mener son enquête, démanteler le réseau de la Valkyrie et accessoirement trouver les auteurs de l'assassinat de sa famille.

L'histoire de Max a été portée au cinéma par John Moore en 2008, avec l'horrible Mark Wahlberg dans le rôle principal. Un film qui aurait dû avoir l'atmosphère d'un Sin City pour être crédible mais qui se retrouve avec un scénario totalement plombé, une mise en scène et un montage dégueulasse, sans oublier un acteur effroyablement mauvais - il l'est souvent, à sa décharge. Aujourd'hui c'est dans le doux monde du jeu-vidéo que Max Payne refait surface avec ce troisième volet édité et développé par Rockstar (connu principalement pour la saga GTA, et récemment pour le presque soporifique mais épatant L.A Noire) sur un scénario de Dan Houser (scénariste des GTA et de Red Dead Redemption).

 

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Vous le savez - ou pas -, le cinéma et les jeux-vidéos s'accordent de plus en plus chaque année. Certains jeux ont un fort potentiel cinématographique avec des scénarios de mieux en mieux construits, des cinématiques parfois bluffantes (avec, pour certaines, de vrais acteurs qui prêtent leur corps à la motion-capture et/ou leur voix au doublage) et des références/inspirations à la pelle. C'est le cas de ce Max Payne 3, un TPS (un jeu de tir à la troixième personne) bien scénarisé (bien que très cliché), avec un paquet de cinématiques et une vraie mise en scène pour que l'immersion soit totale. L'histoire est, dans la forme, aussi sombre que les précédents volets, Max picole encore plus et ça se ressent partout, même pendant certaines phases de jeu ou quelques effets visuels viennent nous rappeler qu'il n'est jamais bien sobre.

La nouveauté de Max Payne, et ce qui a fait une partie du succès de la franchise, c'est son fameux bullet-time. Inspiré des frères (enfin, frère et soeur) Wachowski et de leur incontournable Matrix (bien que cet effet fut utilisé plus tôt dans Bound, de souvenir), le bullet-time permet de ralentir le temps, et donc d'avoir plus de chance de taper des headshots par paquet de dix. Toujours présent dans ce troisième volet, il sera également accompagné d'un [horrible] système de couverture qui permettra de se mettre à couvert (perspicacité: on) et de tirer "à l'aveuglette". Le terme est bien choisi puisque vous n'aurez pas de viseur pendant cette période, donc vous tirez... à l'aveuglette - notons que la mire du viseur se confond parfois avec les décors, on a du mal à la voir au premier coup d'oeil ce qui fait perdre un temps infime mais précieux pendant les phrases de gunfights. Une couverture qui ne sert donc pas forcément à grand chose (sans parler du fait que le personnage ne peut pas passer un coin de mur tout en restant à couvert, ou que vous resterez parfois collés à une surface en étant obligés de réappuyer sur le bouton de couverture pour vous décoller, sans oublier les bugs qui vont feront tirer en l'air alors que vous n'avez jamais demandé ça et j'en passe), d'autant plus que l'IA (l'intelligence des ennemis), pas forcément très développée, sera tout de même au rendez-vous et vos ennemis n'attendrons pas toujours que vous leur tiriez une balle dans le front pour se déplacer.

 

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Concernant les graphismes, même si le moteur du jeu ne rivalisera pas avec un Frostbite 2 (en action sur Battlefield 3), Max Payne 3 peut se vanter d'avoir une palette de décors plutôt chouettes (parfois seulement de loin, les textures en basse résolution ça pique un peu les yeux sur un jeu de cette trempe), relativement variés - et vivants, gros point fort. De l'ambiance sordide d'un cimetière en pleine nuit jusqu'au soleil brûlant des favelas, en passant par le comptoir de bar ou le stade de football, c'est suffisamment riche pour nous combler. L'animation du personnage de Max a été retravaillée également. Plus de fluidité, plus de mouvements, on peut "vriller" dans les airs ou continuer de tirer à même le sol après avoir fait des bonds dans les airs (ce qu'aime bien faire Max), sans oublier le rôle des mains, puisque vous pourrez porter deux armes dans chaque main (enfin... une arme dans chaque main, sinon c'est plus compliqué), et elles resteront dans vos mains même pendant les cinématiques. En revanche, une fois la cinématique passée, il n'est pas rare que le personnage rebascule automatiquement sur l'arme par défaut et ne conserve pas l'arme que vous portiez auparavant, c'est plutôt dommage - j'ajoute qu'il est parfois compliqué, voire impossible de jeter une arme précise pour en récupérer une autre (j'avais une mitraillette dans les mains, j'ai jeté un flingue qui ne me servait à rien pour pouvoir récupérer un fusil à pompe... plutôt que d'ajouter le fusil dans l'emplacement vide, il préfère me jeter la mitrailette qu'il a dans les mains pour prendre le fusil à la place, WTF). Une animation du personnage qui a donc été travaillée pour qu'elle soit plus réaliste. Peut-être trop, en témoigne un certain manque de réactivité, voire même un ensemble un peu... pataud, à l'image de son héros, probablement. Ennuyant, tout de même.

 

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L'autre point ennuyant de Max Payne 3 réside dans cet aspect cinématographique. Il fait toute la force du jeu, il est plaisant, il fait tourner l'histoire et il le fait bien, mais que dire d'un jeu qui est composé à moitié, même aux trois-quarts de cinématiques ? Est-ce toujours un jeu ? Notons que les phases de jeu se ressemblent toutes (à part tâter du bullet-time et du headshot, il n'y aura pas grand chose d'autre à faire) et sont scriptées à outrance (le script est un évenement qui se déclenche lorsque vous atteignez un point précis, ou lorsque vous faites une action donnée). Notons également que le bullet-time se déclenche automatiquement à chaque saut, vous ne pouvez donc pas sauter "normalement".

L'aspect enquête est un peu trop laissé sur le banc (même s'il existe) et on aurait certainement préférés avoir plus d'indications et de dialogues in-game plutôt que d'avoir des cinématiques pas toujours très utiles - d'autant que ces cinématiques servent à camoufer les temps de chargement, vous ne pouvez pas les passer, problème assez conséquent pour la rejouabilité (sans oublier qu'elles se déclenchent parfois sans que vous ayez eu le temps de fouiller la pièce ou simplement de récupérer les munitions de vos ennemis). Je regrette aussi quelques checkpoints pas toujours bien placés, ce qui transforme parfois le jeu en die and retry, ainsi que quelques maps couloir pas très agréables (oui, tout le jeu est un couloir, mais le level design est assez bon pour qu'on ne sente pas trop cette impression). Ah, les quelques QTE (une action contextuelle ou vous devez appuyer sur une touche précise pour déclencher un évènement... un truc naze quoi) présentes dans le jeu aurait largement pu être supprimées (appuyer sur un bouton pour faire tomber un meuble... autant ne pas mettre de meuble).

 

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L'autre défaut est la question évidente qu'on peut se poser; Max Payne 3 est-il vraiment un Max Payne ? Eh bien, oui et non. L'histoire a beau être typée Payne, elle n'a quasiment aucun rapport avec les évènements passés. Certes, il faut bien que Max "vive", qu'il passe à autre chose, mais fallait-il nécéssairement faire revivre la série pour créer cette histoire ? Je ne pense pas, on aurait largement pu inventer un nouveau personnage, enlever bullet-time et antalgiques, le jeu aurait été le même. Parce que je ne pense pas être le seul a avoir été choqué lors de la diffusion des premières photos du jeu; un Max avec le crâne rasé qui se trimbale affublé d'une horrible chemise sous le soleil de São Paulo, c'était... inconcevable - ça l'est toujours, pour ma part. Dans le même genre, on peut parler de la jaquette du jeu qui semble être une bête copie d'un GTA, loin du noir et blanc des précédents jeux. Même si le scénario nous offre des flashbacks ou l'on retrouve notre vrai Max, avec ses cheveux et son mythique manteau en cuir dans un univers sombre, on a du mal à se croire dans sa peau lorsqu'on le trouve en plein soleil avec un débardeur en train de combattre des mecs qui ne parlent pas notre langue.

J'en arrive donc au point qui m'a semblé le plus évident: le jeu est trop "Rockstardisé". Le papa du GTA nous a offert un jeu à partir d'éléments qu'il maitrise très bien, mais il ne s'est pas foulé pour tenter de créer un univers qui soit fidèle à la franchise originale. L'élement du jeu le plus évocateur de cette Rockstardisation réside dans ces quelques items que vous pouvez trouver à même le sol pendant le jeu, des morceaux d'armes dorés qui vous permettront ni plus ni moins d'obtenir des armes en or. D'accord, mais... pourquoi ? On s'en branle d'avoir des flingues en or ! Et cerise sur le gâteau, lorsqu'on ramasse ces morceaux d'armes, on a droit à un petit bruitage que les joueurs de GTA reconnaitrons facilement, un grand coup dans des dents pour l'immersion. Pour finir sur les défaut, on peut signaler que le jeu prend environ 30 go, ce qui est tout de même assez énorme, et on peut se questionner sur l'existence et la pertinence du Social Club, un truc qui vous oblige à vous inscrire pour pouvoir jouer, même si vous n'en avez pas envie...

 

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Bref, si on prend ce Max Payne 3 pour un jeu à part entière, il reste relativement bon. Un bon scénario, de belles cinématiques (bien que plombées par des effets visuels qui, à la longue, peuvent être insuportables), de chouettes décors, avec cependant un gameplay limité. Mais il n'est pas vraiment un Max Payne. Outre les litres d'alcool que Max s'envoie et l'atmosphère globale du titre, on perd le coté sombre (visuellement parlant) qui faisait tout le charme des premiers volets, et l'idée de modifier l'aspect du personnage en lui laissant pousser la barbe, en lui rasant les cheveux et en troquant son long manteau contre une chemise de merde ou un débardeur de kéké est une mauvaise idée. Ce serait comme Mario sans sa casquette, comme un Pacman carré ou comme Samus avec une prostate, ça n'a pas de sens.

Développer ce jeu en dehors de l'univers de Max aurait été plus judicieux, Rockstar aurait pu enrichir son gameplay (le gameplay de Max Payne a toujours été typé jeu de shoot pur et dur, couloirs et environnements clos, rien de très extravagant), mettre moins de cinématiques (j'aime les cinématiques, mais trop c'est trop, dans un jeu on aime jouer) et appronfondir encore plus cet univers pour en faire un jeu qui ait son propre nom. Au lieu de ça, il nous offre un jeu qui mélange le bon et le mauvais pour un ensemble simplement décevant.

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