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Coffee & Cigarettes.
20 janvier 2012

Entracte - Les affiches de films

J'avais prévu de faire une critique de 50/50 et de Super, mais ça sera pour une prochaine fois. Je vais m'attarder un moment sur les affiches de cinéma, comme je me plais souvent à le faire. Pourquoi ? Parce qu'on oublie trop souvent qu'en terme de qualité, une affiche vaut presque autant qu'un film, tout le monde a déjà voulu, un jour, en savoir plus sur un film parce que son affiche envoyait du pâté. L'affiche sert avant tout à asssurer la promotion d'un métrage, mais elle doit également être suffisament explicite pour que le spectateur sache, de visu, à quoi peut ressembler le film si il n'en a jamais entendu parler, et être d'une qualité esthétique relativement bonne pour la différencier d'un film sortant des studios Asylum... parce qu'il faut de la créativité pour que les ceux qui en sont dépourvus puissent quand même faire leur travail. Combien existe t-il d'affiches de films montrant un oeil en gros plan comme dans Requiem For A Dream ? Ou encore deux visages plus ou moins floutés collés l'un contre l'autre comme dans Titanic ? Ou encore des personnages debout, de dos, qui tournent la tête pour regarder derrière eux comme dans Shoot'Em Up ? Le monde de l'image est un monde codé, selon les couleurs, la mise en page, l'éclairage, le placement des personnages et de leur regard, les choix typographiques, le sens de lecture etc, sans oublier certaines "obligations commerciales" (quand ton acteur coûte des millions, c'est mieux de le mettre en avant), tout devient tellement balisé qu'on perd petit à petit l'intérêt qu'apporte une affiche de film pour tomber dans un énorme copypasta sans saveur. Il arrive parfois qu'on ait quelques surprises, qu'une affiche de mauvais goût cache en réalité un bon film et plus si affinités, et inversement, mais on regrette surtout qu'avec tous les moyens mis à notre disposition à cette époque, et avec le nombre impressionnant de personnes travaillant sur un film, on retrouve encore du mauvais goût, des erreurs graphiques ou bêtement des fautes d'orthographe sur nos affiches.

 

 

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 vertigo                    

 

 

 

       "C'était mieux avant" ? Ouais, un peu.

 

 

 

 

 

 

Il y a donc les affiches moches, comme celle de The Darkest Hour que j'ai pointé du doigt dans ma dernière critique, ce genre d'affiche directement sortie des rayons de série Z à la stratégie marketing tellement surréaliste qu'elle ne prend même pas la peine de mettre une photo ou même simplement de faire figurer le nom d'un acteur relativement bankable comme Emile Hirsch, des affiches comme celle d'Anonymous, tellement hors-contexte qu'on peut s'attendre à un Jumper plus qu'à du Marie-Antoinette, mais il y a aussi du mauvais goût pur et simple, comme le dernier Spy Kids 4 (avec une Jessica Alba enceinte... O-K), une véritable immondice qui ressemble à un emballage de toupie Beyblade bon marché, ou encore cette fabuleuse affiche de Star Wars 3D à l'intégration plus que douteuse (et au petit halo Photoshop sur le sabre bien vilain en bonus). Il y a aussi les films qui ont un casting de pur blockbuster et qui veulent vraiment le faire savoir, comme ce fut le cas de The Expendables, des gros bras, des noms écrits partout sur l'affiche... un résultat étouffant - les plus attentifs remarquerons qu'aucun acteur n'est vraiment éclairé de la même façon et que le piqué/grain n'est jamais le même (surtout pour Stallone), les moins attentifs apprécieront la qualité de l'intégration de Mickey Rourke et son contraste complètement foiré. Et puis il y a les graphistes un peu bourrés qui pondent des affiches défiants les lois de la logique autant que de la physique, comme l'affiche de Rhum Express qui semble n'avoir aucune notion de grandeur et de profondeur de champ, qui veut nous faire croire qu'il existe des téléphones de 13 kilos, des quilles qui font un mètre de haut ou des cloches à fromage aussi hautes qu'une moitié de bureau, ou encore cette vilaine affiche de Kung-fu Nanny, film au titre formidable et pas du tout inspirée de Spy Kids, qui veut nous faire croire que Jackie Chan dispose d'une jambe d'environ 1m50.

 

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Eh, nous aussi on sait faire ! Vous pouvez admirer la qualité du "lissage", comme  on dit, avec des visages (et des bras) abusivement floutés, et on retrouve même  notre petit halo au-dessus de l'épaule de Valérie Lemercier.

Valérie qui semble également avoir des doigts très, très longs, en témoigne sa main gauche.

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Autre détail, sur certaines affiches on retrouve également ce qu'on appelle du name-dropping, qui consiste bêtement à utiliser des noms de films ou d'acteurs connus pour "mieux" vendre un film - ou pour prouver une quelconque supériorité. Chose très courante dans les nanars et qui, très souvent, prouve d'avance que le film sera une belle merde. On peut d'ailleurs prendre pour exemple notre cher Cameron qui prête ses caméras 3D et son propre sobriquet au premier réalisateur venu, au point de se retrouver apposé sur une affiche comme celle de Sanctum. Le but de cette pratique est simplement de mieux vendre, rien d'étonnant donc à ce qu'on soit déçu du résultat.

Dans le même genre on retrouve ce qu'on appelle des taglines, une sorte de slogan qui accompagne le titre du film pour lui donner un peu plus d'impact. Il y a la tagline qui ne sert à rien, comme le Il y a des films d'horreur, et il y a des films qui font peur de The Descent, à qui on a envie de répondre "alors c'est quoi des films qui font peur ?", il y a la tagline qui met le point sur la subtilité d'un film et l'intelligence d'esprit qu'il exige de son public, comme L'heure est venue de tirer un grand coup ou encore Pas de limite, pas de censure, pas de string ! de la saga American Pie, les taglines "on aurait bien aimé" comme Vous pensiez vraiment que c'était fini ? de Saw 5, ou les taglines qui ne veulent rien dire, comme La vitesse n'a pas de frontières de Fast & Furious 3. Il peut également y avoir des citations de journaux, spécialisés ou non, qui permettent de donner un peu de crédit à un film, comme l'affiche de 50/50 avec son Poignant, hilarant et sincère. Il faut quand même faire attention à la source de cette citation, entre le Rolling Stones de 50/50 et le Figaro sur J.Edgar, il y a une petite marge. Par contre il y a un fossé assez conséquent si on décide de citer Métro ou Télérama, comme c'est le cas pour La guerre est déclarée.

 

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Autre particularité plutôt emmerdante en rapport avec les affiches, c'est les traductions de titres. Si les français traduisent plus ou moins fidèlement un titre américain en version française (et parfois un titre américain en un autre titre américain), les québecois eux ils s'en branlent, ils font du mot par mot et pondent des traductions surréalistes, comme Pulp Fiction, Kill Bill, ou encore Vanilla sky qui devient Un ciel couleur vanille. Par contre ne me demandez pas comment Beetljuice a pu devenir Bételgeuse.

 

Pour en revenir à l'affiche de 50/50, dont je posterais la critique d'ici peu, on retrouve donc notre petite citation posée sur un fond blanc, avec une police d'écriture relativement laide accompagnée d'un sublime orange couleur vomi d'Halloween, deux petits personnages qu'on a prêtés à un enfant de 4 ans pour qu'il repasse les contours au feutre (notez qu'il a même fait l'intérieur des chaussures, souci du détail), d'un titre original qui bénéficie du sublime dégradé jaune/orange pré-enregistré de Photoshop et des crédits en gris clair presques illisibles. Voila, c'est vilain.

Bref, toutes ces phrases pour dire quoi ? Eh bien qu'un visuel c'est toujours important, que ça peut donner envie de voir un film potentiellement mauvais, comme ça peut nous faire passer à côté de choses notables, parce que nous sommes naturellement attirés par l'esthétique, et parce que l'esthétique fait vendre. Certes, tout le monde n'a pas la même vision de l'esthétique, de l'artistique et toutes ces choses formidables - après tout Malevitch a réussi à être reconnu comme artiste en faisant ce que je faisais en section maternelle avec de la colle et des gommettes - mais si on vous proposait de choisir entre un paquet de chocos Prince et un paquet de chocos Carrefour avec son emballage marron/jaune qui vous rappelle vaguement le tapis de votre grand-mère, vous serez en toute logique attirés par le produit de marque, pas forcément parce qu'il est meilleur, au fond vous n'en savez rien tant que vous n'avez pas goûté, mais parce qu'il sait vous accrocher l'oeil. Et si vous n'êtes pas attiré, c'est que vous êtes roumain.

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