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Coffee & Cigarettes.
1 avril 2013

G.I Joe : Conspiration

G.I Joe : Conspiration de Jon Chu.

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Normalement quand on veut mettre plusieurs personnages sur une même affiche, ceux du premier-plan doivent être plus gros que ceux en arrière-plan. Parce qu'ils sont devant. Mais les graphistes de G.I Joe il s'en tapent un peu du réalisme. Mais passons. G.I Joe est un - et un seul - soldat de fiction crée par David Greger, il a fait ses débuts au travers d'une série de comics avant de passer par la case cinéma avec Les Forçats de la gloire, le film de William A. Wellman mettant en scène le grand Robert Mitchum. Quelques années plus tard, Hasbro profitera du fillon pour décliner le personnage sous forme de figurines en plastique, allant même jusqu'à intégrer dans la franchise des personnages qui n'ont rien à voir. Plus tard, des séries animées commenceront à voir le jour, ainsi que des jeux-vidéos et ce jusqu'en 2009, date de sortie de G.I. Joe : Le Réveil du Cobra, un joli cartoon-nanar qui toutefois posait les bases grotesques de son futur grand frère, j'ai nommé G.I. Joe : Conspiration.

 

 

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Les fans le savent (du moins s'il y a des fans), la distribution du film fut quelque peu mouvementée et pas loin d'être exclusive dans le monde du cinéma. Repousser la sortie d'un blockbuster de neuf mois, on a rarement vu ça. La raison ? Une conversion 3D. Ce qu'il faut savoir avant tout c'est qu'un film distribué pendant la période estivale a réservé sa "place" depuis un bon moment sur les grilles de programmation, parfois même un an à l'avance, s'en suit la campagne de pub, les trailers et tout ce qui va avec. Et bien évidemment, ça coûte de l'argent. La décision de repousser le film fait donc perdre à la boite de production une plue-value évidente (on vends moins bien en Mars qu'en Juillet, inutile d'expliquer pourquoi), sans oublier qu'elle va devoir investir dans une seconde campagne de promotion pour accompagner la véritable sortie du film, tout ça pour s'offrir une conversion 3D. Expliquons le principe simplement. Pour tourner un film en véritable 3D il faut utiliser deux caméras synchronisées afin de recréer la vision humaine (oeil gauche - oeil droit), et il faut surtout savoir maitriser cette technologie, ce qui n'est pas le cas de tout le monde. Dans le cas d'une conversion, on s'engage dans un processus de post-production pour donner du relief à un film qui n'a pas été fait pour ça. Des infographistes isolent chaque image, chaque personnage, chaque objet et tout ce qui peut être travaillé, ils placent chacun d'eux sur des calques différents avant d'en faire un modèle 3D, puis un programme informatique intervient pour simuler la seconde caméra afin de créer l'effet de perspective. Là encore, il faut savoir maitriser le sujet afin de déterminer la bonne profondeur de champ pour chaque plan et chaque objet dynamique. En gros c'est une belle prise de tête et le résultat, on a pu le voir, est rarement satisfaisant (allons dans les extrêmes, comparons Le Choc des Titans avec Bilbo le Hobbit pour rigoler). Au final, ça fait beaucoup d'argent de perdu, et beaucoup d'énergie dépensée pour pas grand chose.

 

 

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Avant de continuer j'aimerais vous faire part d'un petit détail intéressant. Vous vous souvenez de Battleship ? Le film ou Rihanna se bat contre des vaisseaux otaries ? Comme G.I Joe, le film était produit par Hasbro (Transformers l'était également) et n'est en réalité que la pointe de l'Iceberg, car Hasbro et Universal ont signés un contrat pour adapter cinq jeux de sociétés sur grand-écran ! Attendez-vous donc à voir bientôt le Cluedo de Gore Verbinski ou encore le Monopoly de Ridley Scott. Et malheureusement ça n'a pas l'air d'être une blague. Quelle est la suite ? Un biopic sur  M. Patate ? My Little Pony 3D ? Ou va le monde. Enfin, revenons au sujet principal. G.I. Joe : Conspiration est donc un film réalisé par Jon Chu à qui l'on doit Sexy Dance 3D ou encore le documentaire Justin Bieber: Never Say Never, autant dire du lourd. Le pitch est simple et original, des terroristes kidnappent le président des USA (un vieux avec des cheveux blancs, le portrait craché d'Obama) pour détruire le monde. Adieu le côté nanardesque du premier volet, aujourd'hui on fait dans... bon, dans le nanar, mais le nanar contemporain.

 

 

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Ce qu'on exige d'un nanar contemporain c'est une bose dose d'action et un minimum de sérieux, parce que trop ça ne marche pas, et pas assez c'est insultant. Pour réussir cette mission il faut donc quelques kilos de muscles, c'est pourquoi on trouve Dwayne Johnson au casting, plus impressionnant dans son tour de bras que dans son jeu d'acteur, qui donnera la réplique à Channing "Magic" Tatum qui... disparaitra après dix minutes de film pour céder sa place à papy Willis. Dans l'histoire, Bruce Willis est LE Joe, celui qui a donné son nom à l'équipe G.I Joe, et pourtant il reste plus souvent sur la touche que sur le terrain. Comme dirait l'autre, ça ne sert à rien, mais ça fait vendre. Pour le reste on retrouvera bien évidemment Ray Park (le Dark Maul de Star Wars épisode I) dans le rôle de Snake Eyes ainsi que Lee Byung-hun en Storm Shadow. La relation entre ces deux personnages a été légèrement mise en avant sur cet épisode, pourtant on en saura pas bien plus à la sortie de la salle. Ça tombe bien, on s'en tape ! On trouvera également Arnold Vosloo dans le rôle du méchant, accompagné de Luke Bracey (Cobra Commander, qui refusera de s'associer avec un certain Destro mais personne ne sait pourquoi) et Ray Stevenson (Firefly). Côté dames on verra que Élodie Yung maitrise relativement bien la lame et qu'Adrianne Palicki, bien qu'efficace dans sa robe rouge, semble souffrir de constipation lorsqu'il s'agit de reproduire des émotions humaines. Et pour les guests, notons quelques apparitions de Joseph Mazzello (le Timmy de Jurassic Park ! - non, pas de South Park voyons) ou encore de RZA qui nous avait pondu un sympathique The Man with the Iron Fists et qui se retrouve ici paumé dans un costume de maitre Shaolin assez... enfin voyez ça par vous-mêmes parce que c'est difficile à décrire. En revanche, adieu à Rachel Nichols et Sienna Miller qui, on ne sait pas pourquoi, ne sont pas de la partie.

 

 

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Le casting est donc un peu bancal, si la team G.I Joe est au centre de l'action, les personnages secondaires sont clairement bâclés (notamment Tatum et Willis). À l'inverse, les scénaristes ont voulus ajouter de la profondeur et même de la psychologie dans leur personnages principaux, pas beaucoup mais juste un peu, tellement peu qu'on oublie tout dès que la scène est terminée (c'est à dire une minute trente plus tard). C'est donc vide, ou inintéressant, mais est-ce qu'on a au moins la monnaie de notre pièce ? Oui et non. Dans G.I. Joe : Conspiration les soldats citent du Jay-Z avant de partir en mission. Ok, on accepte. Des ninjas se battent à grands coups de katana sur les parois d'une montagne enneigée, c'est peut-être la seule scène cool alors on va la garder aussi (même si on la connait par coeur puisqu'elle a servi de promo pour la sortie du film). On y trouve quelques petites touches sympathiques, de la moto qui se désintègre en missiles jusqu'à la cuisine de Joe Colton façon Mr & Mrs Smith, ou encore du président qui joue à Angry Birds, mais c'est tout ce qu'on aura à se mettre sous la dent. Le reste ce sera de l'action, des explosions, des combats, des gunfights, c'est tout ce dont on a besoin, mais c'est surtout mauvais. Le réalisateur n'arrive jamais à trouver le ton juste - le mélange du jouet pour enfants et du film de guerre - il est trop sérieux, trop linéaire, trop scolaire, et finalement aussi nanar que son prédécesseur (suffit de voir la gueule des dialogues; Bientôt, le monde tremblera devant Zeus ! wow, ça passait vachement bien ce genre de réplique en 86). Il s'autorise même une virée dans le monde du grand ridicule au travers d'une scène de conférence ou plusieurs chefs d'Etat s'amusent avec leurs bombes atomiques, allant même jusqu'à détruire Londres - là encore personne ne sait pourquoi. Et à vrai dire personne n'a l'air de s'en inquiéter, c'est un peu comme la météorite qui tombe sur Paris dans Armageddon, ça ravage toute une ville mais tout le monde s'en branle !

 

 

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Mais ce qu'on aime le plus dans le nanar contemporain, c'est ses bonnes grosses incohérences. Dès la scène d'introduction on remarque aisément quelques faux raccords; Flint, qui est censé attendre vers le grillage sans rien faire se décide finalement d'aller escalader la tour juste à côté ou se trouvent des gardes. Sur le plan large montrant Roadblock, on le voit escalader le mur de la tour en arrière-plan, ensuite un plan rapproché nous fait voir qu'effectivement il est en train de faire grimpette, puis retour au plan large ou on voit Flint re-escalader le mur une nouvelle fois, bravo à l'équipe de montage. Le plus drôle c'est qu'il ne fait pas ça pour tuer les gardes, non, c'est juste pour hisser le drapeau des G.I Joe. Notons que ces mêmes gardes ont tous le nez braqués en direction des ennemis (ils sont environ à une dizaine de mètres d'eux) mais qu'ils ne sont pas foutus de les voir couper la clôture, entrer sur la base et courir devant leur nez en pleine lumière. Cohérence.

Quelques minutes plus tard, Storm Shadow se fait capturer. On lui injecte un produit qui le paralyse, on lui enfile une combinaison et on l'enferme dans une cuve remplie d'eau pour... on sait pas bien pour quelle raison. Mais finalement il arrive à s'échapper et à peine sorti de la cuve, il balance quelques-uns de ses fameux shurikens. D'où sortent ces petites étoiles mortelles, personne ne le sait. Cohérence

Passons à la fameuse séquence de voltige dans la montagne. Outre le fait que Storm Shadow réussisse l'exploit d'éviter les balles d'un Uzi pointé sur lui sans bouger d'un cheveux, la scène de tyrolienne est tout aussi intéressante car on y voit Snake Eyes et Jinx sauter dans le vide pour se débarasser d'une petite vingtaine de ninjas qui leur tournent autour. Regardez donc ce petit extrait, vous jugerez pas vous-mêmes. On peut déjà commencer par saluer l'organisation des ninjas, ils sont tous équipés de pistolets-grappins (si vous êtes attentifs vous remarquerez qu'ils tirent en l'air là ou il n'y a rien, car un grappin ça s'accroche vachement bien dans le ciel) et de kilomètres de cordes, je pense qu'ils savent quelque chose que nous ne savons pas. Ce qu'on ne sait pas non plus, c'est comment toutes ces cordes sont arrivées ici. On va dire que Snake Eyes et Jinx avaient prévus leur coup et qu'ils les avaient placés ici avant... avant de monter tout en haut de la montagne pour ensuite redescendre sur le temple. On a pas la même vision de l'escalade, que voulez-vous. Une jolie scène, des jolis fonds verts et des jolis modèles numériques, il faut juste ne pas trop chercher à comprendre comment ça fonctionne.

 

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Une autre scène intéressante est celle de la fameuse conférence qui réunit les dirigeants des pays possédant l'arme atomique. L'équipe des G.I Joe arrive à s'y infiltrer et à se joindre à la fête. Ils n'ont plus qu'à tuer tout le monde, récupérer la malette, puis ressortir par le même chemin. C'est à ce moment que Roadblock décide de sécuriser le périmètre en défonçant tous les tanks aux alentours... Oh wait, tout le monde est arrivé à entrer sans trop de problème et c'est une fois à l'intérieur qu'ils font du ménage dehors ? C'est un peu comme se téléporter de l'autre côté d'un ravin puis finalement décider de construire un pont... mais ça doit être une stratégie militaire mûrement réfléchie. Ce qui n'a pas été réfléchi en revanche c'est cette fameuse malette - celle qui permet de commander 7 (ou 9 je ne sais plus) satellites afin qu'ils envoient leur petit missile détruire une ville quelconque - car visiblement il suffit d'appuyer sur un seul bouton pour tous les désactiver ! Pardon, le bouton ne sert pas à les désactiver, il sert à les désintégrer intégralement. Tous. Et en même temps. Quel terroriste serait assez con pour créer un tel bouton sur son propre matériel ?

Et je vais terminer en parlant d'une autre malette du même style, car au cours de la conférence le méchant du film (caché sous les traits du président US) en utilise une pour envoyer quelques ogives nucléaires, histoire de menacer un peu les autres dirigeants. On remarque bien que chaque malette dispose d'au moins trois boutons, sur l'américaine il est incrit Armed, Launch et Self Destruct, les autres sont traduites dans leur langue natale (enfin, on suppose). Malheureusement l'accessoiriste de G.I Joe ne savait visiblement pas parler français, car quand notre pseudo-président se décide enfin, un joli plan serré nous montre quatre boutons : Le bouton Launch est devenu Prêt (alors que prêt ça ne veut pas dire partez, n'est-ce pas), Self Destruct a été traduit par Avorter, parce qu'on peut aussi être enceinte d'une bombe, un bouton Verrouillage a fait son apparition, mais le meilleur reste le bouton Armed qui a été traduit par... Bras. G.I Joe, sponsorisé par Google Translate.

 

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Bref, voila comment on pourrait décrire G.I Joe : Conspiration, c'est du grand n'importe quoi, c'est mis en scène n'importe comment, on se retrouve parfois avec des séquences qui sortent de nulle part (comme la séquence de dialogue entre Storm Shadow et le moine Shaolin), l'action n'est pas franchement époustouflante, les acteurs ne sont pas grandioses et le tout est rarement drôle. Mais c'est parce qu'il est mauvais que G.I Joe devient divetissant. Le seul véritable moment cool arrive au générique de fin, quand les Heavy se mettent à chanter How Do You Like Me Now ? pour notre plus grand bonheur - même si ce choix de musique est complètement absurde.

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