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Coffee & Cigarettes.
18 mars 2013

The Forest

The Forest de Darren Lynn Bousman.

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Deux randonneurs, une femme et un homme, trouvent une cuisse de poulet sur le sol puis se mettent subitement à courir après avoir vu un cerf. La femme se prend un arbre sur la gueule et tombe. Générique. Voici donc l'introduction de ce formidable film qu'est The Forest (The Barrens en VO), car aujourd'hui nous allons taper dans le direct-to-dvd - parce que c'est mieux de regarder des films pourris plutôt que de profiter du Printemps du cinéma. The Forest est donc un pseudo film d'horreur surfant sur la vague Blair Witch, tourné dans les bois avec des histoires de légendes et de sorcières à dormir assis, et une superbe affiche découpée à la truelle (il manque un bout de sa jambe en bas mais c'est un détail). Un des nombreux modèles existants de film complètement foiré pondu par une équipe de nains demeurés aveugles et sans bras qu'on pourrait presque trouver correct cerveau éteint, mais il suffit de l'allumer pour se rendre compte de la supercherie. Pour information, The Barrens est un film réalisé par Darren Lynn Bousman à qui l'on doit notamment Saw 2,3 et 4, et doté d'un casting rempli d'acteurs qui n'en sont pas vraiment. Plutôt que d'en faire une critique complète, je vais bêtement vous raconter quelques scènes, elles en disent bien assez.

 


Le scénario est simple, une famille (un père - qui a une blessure au bras, détail de grande importance - une mère, un garçon et une fille, le pack de base) décide d'aller faire un peu de camping. Voila. La deuxième trame du film tourne autour du père, puisqu'il souhaite profiter du voyage pour déposer les cendres de son paternel là ou il l'emmenait quand il était petit - parce que faire du camping avec une urne funéraire c'est quand même vachement trop cool. Accessoirement il va se retrouver dans les bois à chasser une bête étrange et faire face au reste de sa famille qui le prend pour un dingue. C'est très intéressant alors commençons tout de suite. On rencontre donc la petite famille dès la fin du générique, prête à partir. Le fils est en train de poser des affiches un peu partout pour retrouver son chien qui a disparu Il dit à son père qu'il ne veut pas partir faire du camping sans lui. Normal pour un enfant.
- Le père : Ça fait plus d'une semaine qu'il est parti.
- L'enfant :  Il va peut-être revenir à la maison...
- Le père : ...Il était vieux...
Voila, car on le sait, quand les chiens sont vieux, ils partent vivre leur retraite au soleil, c'est une réponse pleine de sens.

 

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Ensuite on nous emmène faire un petit tour dans la maison pour présenter le reste de la famille, notamment la fille qui doit se cogner le stéréotype classique de l'adolescent au cinéma : Rebelle et un peu rock'n'roll sur les bords, elle allume ses cigarettes avec une bougie et fume dans sa chambre en écoutant du métal (c'est un grand mot) avec sa copine. Evidemment quand la mère arrive, l'adolescente éteint sa cigarette en vitesse et fait des ronds avec les bras en pensant réellement que si la fumée disparait, l'odeur disparaitra aussi. Oui, l'adolescent n'est pas très intelligent.

 

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Prêts à prendre la route ? Alors allons-y ! Ah non pas tout de suite, le petit garçon est victime d'une fulgurance de dernière minute; il émet l'idée que son chien puisse revenir quand il est absent. Il lui verse donc treize tonnes de croquettes dans une gamelle, au cas ou. Ne me demandez pas pourquoi il laisse une deuxième gamelle vide à côté, en temps normal ce serait pour lui mettre un peu d'eau mais qu'il soit disparu ou mort étouffé sur la palier de la porte ne fera pas une grosse différence.

 

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 Quelques minutes avant d'arriver au camping, la petite famille croise la route d'un cerf qui crève devant eux les tripes à l'air. Plus tard, le responsable du parc (dans lequel ils vont camper) leur apprendra qu'un mec sauvage habite pas très loin et que des ours peuvent à l'occasion entrer dans le camping pour grignoter un petit truc, mais c'est des choses qui arrivent, et visiblement ça n'inquiète personne, alors nous pouvons continuer. La famille arrive dans le camping et s'installe. J'aimerais juste m'arrêter sur l'image qui va suivre. Dans le film elle est furtive, on y fait pas attention mais... On pourrait déjà s'arrêter un moment sur cette espèce de télé/radio des années 40 que tient la fille,une sorte de Pip-Boy à antenne qui ressemble surtout à un anachronisme à l'heure ou les smartphones et autres gadgets de chez Apple font fureur chez nos amis les jeunes. Mais ce qui est le plus drôle, selon moi, c'est quand même le black qui tient en laisse un caniche géant, c'est pas quelque chose qu'on voit tous les jours. Chien qui regarde bien fixement la caméra d'ailleurs, faudra lui apprendre le métier.

 

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Bref, qui dit film d'horreur dans les bois dit racontage d'histoire qui fait peur autour d'un bon feu de camp, on a donc notre petite scène ou le jeune garçon adolescent, rajouté dans le scénario pour tenter de créer une romance avec la fille du héros, entouré de ses amis raconte des histoires qui font peur à grands coups de sorcières, d'enfants avec des sabots et un corps de kangourou, parle de pute et de diable. Le tout devant un gosse de 6 ans. Parce que l'adolescent n'a aucun tact et aucune morale. Evidemment ça ne plait pas au père qui s'empresse de prendre une crise de nerf histoire de bien passer pour un fou dès le premier jour. Rien de mieux pour faire connaissance.

 

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Oui car on apprendra au fur et à mesure que le père a quelques soucis mentaux, il est visiblement un peu psychotique en plus d'être somnanbule et paranoïaque. Et il déteste les téléphones, on ne sait pas trop pourquoi. Evidemment, lorsqu'il tombe quelques minutes plus tard (après une nouvelle hallucination) par le plus pur des hasard sur sa femme en train d'appeler un certain Brian au milieu des bois et en pleine nuit (parce qu'elle n'a pas trouvé de meilleur moment pour passer un coup de fil), il recommence à devenir tout rouge. Il décide donc de lancer le portable de sa femme dans la forêt de toutes ses forces parce que c'est ce qu'on fait quand on est énervé. Ah, oui, il le lance avec le bras qui lui fait mal, notons le détail. Mais finalement ils se réconcilient en huit secondes et madame conclu sur un Richard, c'est toi que j'aime avec un jeu d'acteur et une émotion si forte qu'on perçoit clairement le résultat sur son visage :

 

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Bon, il a mal au bras et peut à peine lancer un téléphone mais il peut quand même porter trois sacs et son fils, mais là encore c'est un détail. L'autre détail que l'on apprend par la suite c'est qu'il a en réalité été mordu au bras par son propre chien un mois plus tôt - celui qui a disparu. Chien qui avait la rage. Donc il a la rage. Evidemment pendant ce long mois l'idée d'aller voir un médecin pour se faire soigner ne lui a visiblement pas effleuré l'esprit, c'est parfaitement sensé.

 

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Le lendemain, un shériff vient enquêter au camp. Vous savez comment on reconnait un sheriff ? C'est celui qui a une étoile, un chapeau, et qui tient toujours sa ceinture quand il prend la pose. Ah, pour l'originalité, celui-ci boit du thé. Vous pensez que le père va au moins aller se renseigner auprès du cowboy pour savoir s'il se passe quelque chose ? Après tout on apprend quelques secondes plus tôt qu'un mec est parti pisser sans jamais revenir, il y a des cerfs éventrés sur la route, des ours, il a des hallucinations tordues et  joue dans un film d'horreur, ça semblerait logique. Eh bien non.

 

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Plus tard, après une petite promenade à travers les bois, notre petite famille tombe miraculeusement sur un camp abandonné et pas très accueuillant, avec des tentes déchirées et des pendentifs étranges. L'impression d'hostilité est tout de suite renforcée avec l'apparition d'un chien en carton-pâte totalement calciné :

 

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Face à ce funeste destin canin, le père s'empresse d'avoir une réaction rationnelle : Dani, tiens, prends ça et va aider ta soeur à planter la tente. En effet, merveilleux endroit pour camper. Autre détail qui a son importance et qui justifie cette réaction étrange, il fait grand soleil mais môssieur le Père déclare qu'une tempête approche alors il faut se mettre à l'abri, car, je cite, ils sont à deux kilomètres de l'endroit ou ils sont censés se rendre. J'ai pas fait beaucoup de marche dans ma vie, mais deux kilomètres ça prend... 20 ? 30 minutes maximum ? Encore une fois, le père nous montre l'ampleur de son pragmatisme, plutôt que de marcher vingt minutes de plus il se dit; pourquoi changer d'endroit quand on peut simplement prendre le chien et aller le mettre ailleurs ? Bien vu, problème réglé.

 

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Après moultes aventures géniales, la fille de la famille (celle qui allume ses cigarettes à la bougie, rappellez-vous) décide d'aller faire un tour dans la forêt en pleine nuit pour passer un coup de fil à son futur possible amoureux (celui qui racontait les histoires autour du feu). Bon, quand elle dit je vais essayer d'appeler Ryan, on se dit qu'il ne faut pas le prendre au pied de la lettre. Mais en fait si, sans aucune raison elle se met subitement à gueuler Ryan ? à travers les bois. Evidemment on connait le coup du téléphone, on va l'entendre sonner quelque part blablabla. Et effectivement il sonne, puis un truc visiblement effrayant sort de nulle part. La fille prend peur et retourne au camp. Elle annonce à haute voix qu'il y a quelque chose dans la forêt mais là encore tout le monde s'en cogne, personne ne cherche à aller voir ou même à changer d'endroit, la mère décide seulement de passer un petit coup de fil à la police et pense que ça ira mieux le lendemain.

 

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En effet, le lendemain tout va mieux. La père est toujours taré donc ils décident enfin de s'en aller. Malheureusement au cours de la ballade, alors que la mère tente d'expliquer à la police au téléphone l'endroit ou elle se trouve pour avoir un peu de renfort, le père et le fils disparaissent. On entends d'ailleurs le cri du petit retentir dans le fond - si vous faites attention à la timeline vous verrez qu'il s'écoule environ 30 secondes entre la dernière fois ou le gosse apparait à l'image et le moment ou on l'entend crier, pourtant ce n'est qu'après une course de 800 kilomètres à travers les bois que la mère et la fille trouvent enfin le petit bambin en train de nager dans le lac.
Oui alors... pour des raisons évidentes, ce n'est pas un vrai enfant qui est dans le lac, même de loin ça se voit assez facilement :

 

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 Et ainsi de suite jusqu'à l'instant fatidique, l'instant ou tout le monde se retrouve en même temps, les renforts, les sheriffs, le père, la mère, le saint-esprit, et bien sûr la bête dont je n'ai pas parlé parce qu'on ne la voit quasiment jamais, c'est l'heure de l'affrontement final ! Ils sont fatigués, blessés, effrayés, la bête rôde prête à bondir, il va avoir du sang ! Des cris ! Des grognements ! DES BALLES QUI FUSENT ! DES MEMBRES TRANCHÉS !

 

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Dans un film normal on appellerait ça un climax, le moment d'euphorie qui a soigneusement été mis en place par le scénario depuis le début, le moment que le cinéaste attends autant que le spectateur.
Sauf qu'ici il n'y a pas de scénario, pas de tension, donc pas d'euphorie. Le père tire sur la bête, le sheriff tire sur le père, l'indien dit des trucs qu'on ne comprends pas (si il y a des histoires de légende il y a forcément un apache dans le coin), la bête mange le sheriff, le père, agonisant, lance un je suis fier de toi à sa femme - mais rien à ses enfants, faut pas déconner. Générique de fin. Montre en main la scène dure moins de deux minutes.

 

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Bref, The Forest est un film d'horreur psychologique sans psychologie et sans horreur. On part de zéro pour arriver à rien, les acteurs sont mauvais, la réalisation est à peu près digne d'un Uwe Boll, le scénario est incohérent du début à a la fin, l'alchimie entre les personnages n'existe pas quand au "monstre", on a l'impression qu'ils ont piqués la bête du Curse of the Demon de Jacques Tourneur et qu'ils en ont fait une version satanique. Bien filmé ça pourrait passer, là non. Cela dit le film arrrive à nous faire rire (malgré lui), pas assez pour mériter son grade de série B pourrie, mais c'est mieux que rien. Si vous avez l'occasion de le regarder, ne le faites pas. Ce n'est ni horrible, ni passable et encore moins génial, c'est juste une perte de temps et un bel exemple de ce qu'il ne faut pas faire quand on est scénariste.

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