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Coffee & Cigarettes.
24 février 2013

Die Hard V

Die Hard : A Good Day to Die Hard de John Moore.

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Ce qui a fait le succès de la saga Die Hard c'est en premier lieu son héros. John McClane est un flic chevroné, certes, mais avant tout un homme qui a une situation personnelle un peu particulière. Il fait de son mieux pour être un bon mari et un bon père mais on aura le temps de constater que ça ne fonctionne pas des masses ; la relation avec sa femme est un peu confuse et on apprendra par la suite que ses enfants ont droit au même régime. Et pour ne rien arranger il trouve toujours le moyen d'être là ou il y a des embrouilles. C'est donc pendant ces instants quelque peu agités qu'on comprend que John n'est pas un héros, il n'est pas invincible mais il a de la malice, il a un cerveau et surtout une détermination à toute épreuve: John McClane n'abandonne jamais. C'est précisément cette image plus ou moins ironique de "mec banal qui n'a pas trop de chance" qui a permis au film de John McTiernan de se démarquer des autres héros du cinéma aux bras épais comme des cuisses de T-rex, à l'image d'un Stallone ou d'un Schwarzy, avec Die Hard on avait droit à un héros humain auquel on pouvait s'attacher malgré l'invraisemblance de ses aventures. Mais si tout ceci a été possible c'est à une personne en particulier qu'on le doit; le réalisateur. Car l'autre point fort de Die Hard, et certainement le plus frappant c'est sa mise en scène. Les cadres sont travaillés, McTiernan utilise les perspectives des décors, les jeux de focales, les décadrages et les hors-champ pour faire ce qu'on appelle de la composition - terme qui tend à disparaitre dans le cinéma d'action de notre époque - la gestion de l'espace est impeccable, le montage offre au film une dynamique qui donne autant de saveur aux séquences d'action qu'aux scènes plus calmes, tout semble avoir été travaillé, on ne sait jamais ou et quand l'action va débouler et c'est ce qui faisait le sucre de ce métrage. Mais les règles ont changées à partir du quatrième volet, la patte Die Hard a définitivement disparue au profit d'une action qui se veut plus visuelle que narrative, bonjour la réalisation tape-à-l'oeil, les incohérences de toutes sortes et la mise en scène édulcorée. Aujourd'hui un cinquième volet vient de voir le jour, et les nouvelles ne sont pas meilleures.

 

 

 

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Si on regarde ce qui est écrit sur le papier, on sent déjà venir un arrière-goût de moisi. Premièrement le scénario nous ramène à la vie le fils McClane, alias John Junior - c'est déjà pas une très bonne nouvelle - et puisqu'il ne serait pas intéressant en vendeur de fosses septiques on va directement en faire un agent de la CIA, sans expliquer pourquoi ni comment il en est arrivé là. Son but est de tuer des méchants russes qui veulent s'emparer d'une arme nucléaire, et puisque les scénaristes aiment enfoncer des portes ouvertes, l'action va se dérouler... à Tchernobyl (on pensait ne pas voir réaparaitre de sitôt la grosse bourde scénaristique relative à la guerre froide, John Moore l'a fait). Deuxièmement, la relation. Si la relation père/fille du précédent volet volait au ras des pâquerettes, ici on vole au niveau des fourmis. Je dirais même de la terre. En fait on ne vole pas du tout car il n'y a aucune relation et quasiment aucun dialogue, la complicité entre les deux personnages est assurée par des crissements de pneus et des canons de fusils. On notera par ailleurs le charisme inexistant de Jai Courtney qui fait bien de garder son arme au lieu de parler - ne parlons pas de Bruce Willis qui donne à peine le minimum syndical. Car si l'on s'attarde sur les dialogues, on remarquera vite qu'en plus d'être à chier (le Yippee-ki-yay a visiblement été remplacé par je suis en vacances), ils sont très rares, et l'humour qui faisait la joie des précédents épisodes est non seulement quasiment inexistant, mais peine à faire mouche quand il pointe le bout de son nez. Troisièmement, le bad-guy. Encore un bon point pour les premiers volets de la saga, on avait droit à des bad-guy qui ont une vraie personnalité, un vrai rôle, voire même du charisme ! Ici, pour créer le méchant du film, les scénaristes ont du se dire: si Clive Owen peut se permettre de faire ce qu'il veut avec une classe mémorable dans Shoot'Em Up, le nôtre peut le faire aussi. Ils ont donc réitérés le coup de la carotte. Carotte qu'ils ont donné à un mec qui danse la claquette. Qu'est-ce que... qu'on mette celui qui a eu cette idée en prison s'il vous plait.

 

 

 

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Vous l'aurez compris, le film ne brille ni par son scénario, ni par ses acteurs et encore moins par ses dialogues, mais qu'en est-il de l'action, de la technique et de la mise en scène ? Eh bien rassurez-vous, si vous voulez de l'action vous en aurez ! En même temps il n'y a que ça, par contre pensez bien à emmener une boite d'Efferalgan car les cadreurs semblent avoir une jambe de bois. Peut-être même deux. Et Parkinson. Et une forte envie d'uriner. Ou alors ils ont filmés pendant le passage d'un ouragan je ne sais pas, mais le résultat à l'écran est pas loin d'être vomitif. Ça commence dès les premières minutes, le réalisateur ne sait tellement pas quoi faire qu'il alterne des plans filmés caméra au poing avec des plans fixes pour une seule et même scène de dialogue, c'est aussi incohérent qu'énervant à regarder. Ça continue avec la fameuse course-poursuite qui était censée être monstrueuse mais qui est tellement mal dirigée qu'on ne comprend rien, on prend juste le temps de compter le nombre d'accidents et de voitures bouzillées pour l'occasion (ça doit faire un beau nombre cela dit, mes respects aux cascadeurs). Et le reste est du même acabit, les cadres sont totalement foirés, l'action est illisible, les décadrages sont aussi violents que le montage est épileptique, la gestion du son est assourdissante et on a même en bonus des superbes ralentis avec un Mclane numérique. Pas un seul plan large pour laisser respirer l'action, et le seul plan-séquence notable n'arrive qu'à la toute fin du film après une scène d'une absurdité sans nom - je vais spoiler mais vous ne ratez rien: la méchante est à bord d'un hélicoptère, elle veut tirer sur McClane qui vient de voler jusque dans un immeuble mais elle n'a plus de munitions, elle décide donc en toute âme et conscience de se suicider et de balancer son hélico, avec elle dedans, contre l'immeuble. C'est... particulier comme décision.

 

 

 

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Bien, on a parlé du plus gros, mais il reste encore quelques détails. On pourrait parler de la police d'écriture utilisée pour les sous-titres par exemple, une sorte de typo égyptienne façon Courier habituellement réservée au plus mauvaises teams de Fansubs. On pourrait également parler du format de l'image, alors que les autres Die Hard ont été tournés en 2.35 et que la plupart des films actuels à gros budget utilisent le Cinemascope, John Moore se contente d'un bon vieux 1,85:1 qui n'a absolument rien à faire dans ce type de cinéma. Vu la tronche des cadres, je suppose que même lui pensait tourner en 2.35. Notons au passage que ce cinquième volet ne dure qu'une heure et demi, c'est une demi-heure de moins que les autres et ça se sent. On pourrait aussi s'arrêter sur le dernier plan du film (je spoile encore un peu mais ne faites pas comme si vous ne connaissiez pas déjà la fin !), avec ce superbe plan ou l'on retrouve le père McClane, le fils et la fille, marchant au ralenti devant un coucher de soleil pendant que le cadreur, caméra au poing, zoom au max, tente de cadrer les trois personnages sans jamais y arriver avant de  clôre par un sublime arrêt sur image puis un fondu au noir, le plan parfait pour un film romantique des années 70. Et pour finir, vous vouliez vous rincer un peu l'oeil et voir la belle Yuliya Snigir dézipper sa combi-cuir ? Eh bien retournez voir la bande-annonce car ça a été coupé au montage. Oui, car un festival d'armes à feu, d'explosions et de meurtres en tout genre, c'est quand même moins choquant que ceci:

 

 

Yuliya_Snigir_in_A_GOOD_DAY_TO_DIE_HARD

 

 


Bref, Die Hard 5 n'a rien d'un Die Hard. Si le volet précédent s'était déjà occupé d'effacer une bonne partie de ce qui faisait la réussite de la saga, il avait au moins le mérite de ne pas sombrer dans une connerie consternante. Ici il n'y a rien à tirer, les dialogues sont ridicules, le scénario use de rebondissements grotesques et ne prends jamais le temps d'appuyer cette nouvelle relation père/fils, les acteurs jouent mal, la réalisation pique les yeux et la caméra shaker tend même à nous énerver à la longue. Un Die Hard qui ne ressemble pas à un Die Hard et qui en plus arrive à être mauvais, c'est difficile à recommander.

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