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Coffee & Cigarettes.
7 janvier 2013

Dredd

Dredd de Pete Travis.

20365395

 

S'il faut le préciser avant de commencer, Dredd n'est pas un film rasta-capillaire mais bel et bien le reboot du film Judge Dredd réalisé par Danny Cannon en 95 avec Stallone en tête d'affiche, et avant-tout un personnage de comics crée par John Wagner et Carlos Ezquerra. Dredd est un juge, ou du moins LE juge. Respecté et craint par tout le monde, incorruptible et emblématique, il s'applique à faire respecter la loi et l'ordre dans une amérique violente et fasciste, parce que comme il le dit si bien, la loi, c'est lui. Notons également que dans cet univers la Terre n'est plus qu'un vaste désert irradié suite à plusieurs conflits nucléaires, les survivants sont donc tous entassés dans des mégalopoles comme Mega-City One, celle ou se déroule l'action. Malgré un univers intéressant, le juge n'a eu qu'une seule adaptation sur grand-écran (celle de Cannon) qui fut un échec commercial tellement important que les producteurs n'ont pas voulu reprendre le flambeau. Il faut dire que le choix de l'acteur n'était pas des plus judicieux, si ce n'est plus à prouver que Stallone est à l'aise avec ce genre de rôle, la décision de choisir l'une des principales stars du film d'action des années 90 pour finalement le cacher sous un casque, c'était trop pour les producteurs. Ils ont donc fait l'erreur de lui ôter son casque, suffisant pour démystifier un personnage, un film, et se mettre tous les fans à dos. Ce serait comme supprimer le S sur le ventre de Superman, ça n'a pas de sens. Pourtant, ça n'a pas empêché Judge Dredd d'atteindre son stade de film culte, notamment grâce à une bonne qualité visuelle, des acteurs crédibles (enfin...), une B.O qui envoie, quelques répliques de qualité et surtout un fort taux de nanarditude pour justifier le tout. Même s'il s'éloignait du comics en essayant de toucher un plus large public, même si le scénario était tiré par les pieds et même si la stratégie marketing était foirée jusqu'à l'os, Judge Dredd est un film que tout bon cinéphile se doit d'avoir vu.

 

 

vlcsnap_2013_01_06_21h26m37s74Chez Dredd on a pas trop le temps pour les détails, tant pis si tous les écrans affichent la même chose.

 


Aujourd'hui, Dredd fait son gran... son retour et semble avoir pris en considération les remarques de son grand-frère pour ne pas commetre les mêmes erreurs, voila une bonne chose. Pete Travis, réalisateur d'aucune référence notable est derrière la caméra, Alex Garland, scénariste de Sunshine et 28 jours plus tard tiens la plume, Anthony Dod Mantle, également un habitué des plateaux de Danny Boyle s'occupe de la partie photographie, le tout enrobé dans un budget de 45m$. C'est peu, mais John McTiernan avait pondu son Piège de cristal avec deux fois moins de moyens donc tout est possible. Notons encore une fois la distribution exécrable puisque le film est sorti aux US en septembre et est déjà disponible sur le net alors que notre galette française ne débarquera qu'en février. Ma patience ayant des limites très étroites, j'en profiterais donc pour vous congratuler de quelques screens concoctés par mes soins.

 

 

vlcsnap_2013_01_06_21h36m44s31Un ralenti de vingt minutes pour montrer une femme qui sort sa main de l'eau, c'est ça Dredd.

 


Premièrement, ce que l'on remarque aisément lorsqu'on compare les deux films c'est que la version 2012 est bien plus brut de pomme. Il n'y a pas de fioritures, pas de sentimental, pas de doute, l'idéologie du justicier est respectée et on ne cherche pas à la rendre plus "humaine" pour un sou, Dredd est juge, juré et bourreau, il fait ce qu'il veut - et c'est certainement l'une des raisons qui empêche le film d'être diffusé sur grand-écran. Pas de sympathie, pas de compassion, là ou Judge Dredd semblait vouloir s'excuser d'être un juge tout au long du film, Dredd l'accepte et fait simplement son job, impitoyable. Mais puisqu'il faut tout de même créer un contraste, le juge Anderson sera là pour apporter une touche émotionnelle à l'ensemble - un homme dur et sans pitié avec une femme fragile et émotive, ça n'a rien d'un stéréotype voyons. Elle sera la petite blonde qui doute, qui essaie de trouver la frontière entre ce qui est bien ou mal, entre ce qui est juste ou non pendant que son pote tire la gueule. En revanche, pas de petit protagoniste pour faire des blagues à l'image du Rob Schneider de 95. N'allez pas chercher à comprendre le scénario puisqu'il n'y en a pas; deux juges sont envoyés dans un immeuble, ils font le ménage, prennent ce qu'ils sont venus chercher et sortent. La seule ligne intéressante du film va concerner la relation entre les deux juges, leurs actions plus ou moins discutables et évidement l'univers Dreddien, cette violence, cette justice, ces rapports humains et toutes ces jolies choses qui ne sont, finalement, jamais exploitées dans le film autrement que visuellement. Car vous l'aurez compris, Dredd est un film d'action. Il est vide, ne raconte absolument rien et se contente de vous emmener d'un point A à un point B en faisant chauffer les flingues. Du moins c'est ce qu'il aurait voulu faire.

 

 

vlcsnap_2013_01_06_21h24m29s74Dredd c'est aussi des interfaces dessinées sous Paint qui auraient fait fureur il y a trente ans.

 


Tout à l'heure je comparais le budget de Dredd avec celui de Die Hard. Vous me direz: Oui mais Die Hard c'est pas de la SF, il faut plus d'argent pour faire de la SF, la SF c'es... et je vous stopperais ici puisqu'il y a presque autant de SF dans Dredd que dans Piège de cristal. Certes le manque de moyen se fait [largement] sentir au travers de l'image. Les costumes sont à chier, les motos nous mettent vingt ans dans la tronche avec leurs gros carénages de l'époque médiévale, les décors se limitent à un immeuble, une rue et un centre de commandement improvisé dans une cafétéria d'entreprise remplie pour l'occasion de vieux pc tournants sous Windows NT, peu de personnages et finalement bien peu d'action sur la longueur. Ajoutez à ceci les fameux ralentis inutiles surexposés à outrance placés n'importe où pour faire joli (avec leur dose de sang numérique, bien évidemment) et vous obtenez un film moche - d'ailleurs la laideur commence même avant le film avec le logo Reliance. Moche et mou, car si l'on peut facilement comparer les séquences de Dredd avec celles de Die Hard ou encore du récent The Raid, Pete Travis aura tendance à nous rappeler un certain duo Taylor/Neveldine plus qu'autre chose. Ça fait du bruit, ça pique les yeux mais il n'y a aucun rythme. Que du gunfight, pas même un crochet du droit. Même la poursuite à moto en début de film n'est pas plus passionnante que celles de Torque. Là ou le Judge Dredd de 95 arrivait à faire vivre sa kitschitude tout en intégrant quelques éléments modernes (j'ai toujours été surpris par le physique de Diane Lane, un des rares personnages féminins de cette époque que l'on peut encore regarder aujourd'hui sans rire de son maquillage ou de sa coupe de cheveux), le Dredd d'aujourd'hui tente de combler le vide de son scénario et de sa réalisation mollassone par des effets visuels numériques pas toujours de très bon goût. C'est peut-être pour cette même raison que Pete Travis et Alex Garland ont pris la judicieuse décision de se réapproprier la scène de l'appartement du premier film, histoire d'avoir au moins une valeur sûre - valeur sûre qu'ils ont plombés avec des ralentis. On ne se refait pas.

 

 

vlcsnap_2013_01_06_21h27m02s95Dredd c'est aussi des motos amphibies piquées sur le tournage d'un film d'exploitation roumain.

 


Côté mise en scène il ne faudra pas être trop exigeant non plus. Outre quelques plans et une ou deux séquences potables, on aura souvent l'impression de revivre les mêmes scènes tout au long du film ou nos héros se balladeront l'arme à la main en tirant à l'occasion quelques balles sur un homme, une femme, un enfant, un mur, une chèvre ou autres cibles alléchantes. Mais c'est bien la notion d'indestructible qui vient tâcher l'affaire, car lorsqu'il n'y a aucune notion de danger et aucune réelle menace, on passe bêtement notre temps à regarder des douilles tomber sur le sol, du sang gicler, des effets pyrotechniques corrects qui nous grillent tout de même la rétine par moment et des morts faire une séance de lasso avec leur intestin grêle. Le reste u temps ce sera quelques lignes de dialogue et de la promenade dans des couloirs sombres. Les juges évitent des cargaisons de balles tirées d'armes de plus en plus lourdes à chaque séquence, ne craignent rien et chemise sur le gâteau, même avec une balle dans le buffet notre juge favori se relève et fait le mariole comme si de rien n'était. Qu'on soit en totale jubilation devant la cadence d'une gatling dégueulant ses pruneaux est une chose, mais ajouter un léger enjeu dramatique pour justifier le tout en est une autre.

 

 

vlcsnap_2013_01_06_22h09m57s233N'y pensez même pas. Dredd est chaste et pur.

 


Si Stallone était un choix d'acteur discutable à l'époque, on ne peut pas lui enlever sa carrure et sa gueule qui malgré tout remplissaient à merveille de casque du Juge. Cette fois c'est Karl Urban, qu'on retrouvera dans le prochain Riddick et le prochain Star Trek qui endosse le costume. Même s'il est camouflé sous un casque trop gros pour lui, sa moue et ses quelques répliques restent dans le domaine de l'acceptable - malgré la terrible absence de punchlines de qualité. Ce ne sera pas le rôle de sa vie mais c'est mieux que rien. Il est accompagnée par la blonde Olivia Thirlby et sa coiffure Star Trek qui n'avait pas beaucoup plus de talent dans The Darkest Hour mais qui était plus dans son élément chez Juno (en gros on la supporte et c'est déjà pas mal) ainsi que Lena Headey, la Cersei de Game of Thrones ou encore la Sarah Connor de la série télévisée Terminator, qui sait jouer les femmes fortes sans trop de problèmes malgré cette volonté incomprénsible des auteurs de souvent vouloir créer un méchant moche. Quant au reste, j'ajouterais un petit point pour parler de la B.O, sorte de bouse éléctro trop souvent utilisée pour ce type de métrage à mon goût, une composition qui ne remplacera pas celle d'Alan Silvestri, plus épique donc plus judicieuse.

 

 

vlcsnap_2013_01_06_21h41m29s622Mais Dredd c'est surtout des figurants qui ont de la gueule !

 


Bref, si Dredd ne reproduit pas les mêmes erreurs que son aîné, en s'attachant à l'idéologie de son personnage et en respectant les convictions et l'univers original crée par Wagner et Ezquerra, il n'en reste pas moins un film visuellement honteux comme on ne devrait plus en voir à notre époque, que ce soit au niveau des costumes, des accessoires ou encore de ces ralentis parfois interminables qui auraient sans doute été plus savoureux sans le traitement visuel édulcoré par dessus. On regrette également que le scénario soit vide, aucun questionnement sur la société ou sur cette justice totalitaire, aucun enjeu dramatique pour donner de la profondeur aux personnages, et également que la réalisation et le rythme du film, globalement mous, n'arrivent pas en faire un métrage d'action honorable. Dredd est donc un beau nanar.

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