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Coffee & Cigarettes.
7 décembre 2011

Carnage

Carnage de Roman Polanski.

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Répulsion, Rosemary’s baby, Le Bal des vampires, Chinatown, Le Pianiste ou plus récemment The Ghost Writer, Polanski n'a plus besoin d'être présenté. Mais être un grand cinéaste signifie qu'il faut pouvoir envoyer du pâté pour combler l'attente des cinéphiles et alimenter sa réputation; inutile d'en faire un Roman (je sais), c'est chose faite. Avant de commencer, il faut rappeller que Carnage est l'adaptation d'une pièce de théâtre de Yasmina Reza intitulée Le Dieu du carnage. Non pas que cette information soit cruciale, mais il faut tout de même le signaler, puisque adapter une pièce de théâtre au cinéma, ce n'est guère chose aisée voyez-vous.

Le scénario de Carnage tient sur la moitié d'un post-it, il raconte l'histoire de deux couples qui se rencontrent suite à une bagarre entre leurs enfants respectifs. C'est tout. Et c'est amplement suffisant puisque toute la matière de cette maigre histoire va surgir des dialogues, des retournements de situations, de cet affrontement entre deux couples que tout oppose - ou presque. Le film se pose comme une satire des valeurs traditionnelles, bourgeoises, des bons sentiments, de l'hypocrisie, du politiquement correct et de toutes les conneries et masturbations sociales imaginables qu'on peut rattacher aux "personnes civilisées", il enferme ses protagonistes dans un petit appartement et fait tomber les masques avec une fluidité presque déconcertante.

 

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Oui parce que les conversations n'ont rien de très passionant, on se fout royalement d'entendre quelqu'un parler de crumble, de tulipes ou même de chasse d'eau, et pourtant le moindre détail, le moindre mot, le moindre geste peut littéralement renverser la situation et transformer un dialogue innocent en un véritable chaos, sans qu'on s'y attende vraiment. Pourtant, le Carnage n'en est pas vraiment un dans la forme, le film n'est jamais lourd dans son propos, il crée une comédie à partir d'une critique parfaitement sérieuse, et c'est là tout le génie de ce film/de cette pièce, l'écriture est tellement fine qu'on se laisse prendre au jeu, mais elle est également suffisamment bien structurée pour que ce ne soit pas uniquement un joyeux bordel. Ainsi, on observe chaque personnage se mettre à dos contre un autre, changer de camp comme bon lui semble ou même jouer en solo, enchaînant les situations absurdes les unes après les autres ou fusent des dialogues sortis de nulle part.

Pour le reste, il n'y aura aucun mal à comprendre que le film est tiré d'une pièce de théâtre, les dialogues saccadés, la mise en scène, la réalisation, tout est très théâtral, et même si Polanski à su gommer le ridicule d'une pièce (pardon amis du théâtre), il n'a pas su donner à ce Carnage l'aspect véritable d'un film - mais honnêtement on s'en branle, Roman étant un très bon cinéaste, habitué du huit-clos de surcroit, et un excellent metteur en scène, il réussit à utiliser le subtil et génial potentiel de cette pièce pour en faire un "film" de qualité, c'est tout ce qui importe. Il pourra au passage remercier cette double paire (oui, quatre) d'acteurs, tout bonnement excellents.

 

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En bref, Carnage est une nouvelle réussite Polanskienne, un film aussi subtil que cruel et aussi drôle que profondément lucide. - Et pour finir sur un dernier point; ceux qui souhaitent s'amuser à faire un parallèle entre le cinéma de Polanski et ses problèmes judiciaires qui ont refait surface récemment, je vous souhaite de mourrir étouffé dans votre vomi. Après tout, Lars Von Trier a beau s'être fait taper sur les doigts pour s'être exprimé librement à Cannes, il a tout de même pondu l'une des scènes de clôture les plus magistrales de l'année (ou plus si affinités) avec son dernier Melancholia, alors on ne mélange pas tout les enfants, d'accord ?

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