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Coffee & Cigarettes.
1 décembre 2011

The Lady

The Lady de Luc Besson.

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Luc Besson, un des rares cinéastes français à avoir réussi à l'étranger, un réalisateur qui peut s'attarder sur un Cinquième élement comme sur un clip de Mylène Farmer, un scénariste hors-pair qui, en dix ans, passe de Léon à Banlieue 13. On peut dire que Luc est écléctique, on peut dire que Luc est doué, on peut dire que Luc est polyvalent mais on peut surtout affirmer que Luc n'a pas fait de film notable depuis un ramassis d'années (ne me parlez pas de Minimoys). Triste constat pour l'homme qui a lancé Natalie Portman. Mais ne Besson pas les bras *applause*, Luc s'attarde aujourd'hui sur l'histoire d'Aung San Suu Kyi, une Gandhi au féminin luttant pour la démocratie en Birmanie, au travers de laquelle il va tenter de redorer le blason qu'il portait autrefois lorsque les pommes mûres jonchaient le long des troncs qu'un sang impur jaillisse des étourneaux.

 

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Difficile de le nier, l'histoire de la Dame du Lac est une histoire forte, émouvante, un combat qui mérite amplement d'être portée sur grand-écran. Le fait que le personnage soit une femme est d'autant plus admirable (ça fait un os à ronger pour les féministes), imaginez une frêle dame tenir tête à une armée, à un gouvernement, prête à tout sacrifier pour son pays (imaginez la même chose pour la France, se battre pour diriger un pays gouverné et habité par des abrutis, ce serait dingue non ?), c'est beau, c'est gratuit (enfin, 8 euros pour le coup) et ça peut même donner de l'espoir, quoi demander de plus. On comprend d'ailleurs toute l'ampleur du phénomène lors de sa première intervention publique (et quel public, Besson a su ne pas foirer cette séquence, c'est déjà ça de gagné) ou les bras se dressent devant la Lady avec autant de volonté que les poils d'un chat grignotant un câble électrique.

Mais si le combat de Suu Kyi force le respect, la réelle trame du film semble être l'histoire d'amour qu'elle entretient avec son mari, ses enfants, cette histoire qui lui permet de se relever à chaque coup dur, mais aussi avec ce père qu'elle n'a jamais connu, qui lui permet de continuer sans cesse un combat qu'elle n'a, pourtant, jamais choisi. Et c'est relativement paradoxal de voir cette femme incarner la non-violence alors qu'elle se fait violence elle-même pour son pays, quitte à passer des années loin de sa famille, allant même jusqu'à apprendre la mort de son mari par correspondance. Une histoire forte, donc, qui ne s'attarde pas sur une resistante, mais sur une femme - et qui en profite pour nous montrer qu'il vaut mieux choisir une autre destination que la Birmanie pour ses prochaines vacances.

 

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On a parlé de l'histoire, entrons maintenant dans les détails et restons honnêtes, Besson signe avec The Lady, un film tout à fait classique si on ne se laisse pas prendre au jeu du sentimentalisme facile. Certes l'histoire est aussi forte qu'émouvante, mais il ne faut pas s'arrêter à ça ou aux quelques larmes que vous avez versés pour en conclure que c'est un bon film. Parce que si Besson a de l'expérience dans le domaine du sexe faible qui devient fort, et s'il aime bien les histoires d'amour, il n'est pas franchement un cinéaste engagé - c'est d'ailleurs pour ça que l'histoire d'amour prend le dessus sur le combat politique.

Au final, l'histoire d'Aung San Suu Kyi semble bien maigre sur le papier, sans réelle puissance, ce qui n'est absolument pas en raccord avec l'image. On se doute bien que le conflit est beaucoup plus complexe, et beaucoup plus violent. Tout l'attirail cinématographique est donc mis à profit pour créer de l'émotion, et uniquement de l'émotion. Mais pas seulement celle qui fait mouiller dans vos yeux, car si il y a du bon, il y a forcément du mal ! Bon, sauf que le mal est un peu trop caricatural pour être crédible. Pourtant Besson sait créer des méchants pas gentils, regardez Gary Oldman, excellent dans Léon et magistral dans Le Cinquième Element, alors pourquoi nous pondre un vieux Général dictateur en carton-pâte ici ? Voila le gros problème de The Lady, Besson tente de "cinématographier" tout ce qu'il a sous la main, il fait couler beaucoup de larmes mais trop peu de sang, il gomme l'historique au profit du mainstream. Manque de bol, le sujet qu'il a choisi ne permet tout simplement pas ce choix.

 

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Il est donc difficile de trouver un réel point positif à The Lady. Le film est plutôt beau visuellement, reste beau dans le fond également, et se regarde sans problème (bon, on peut trouver le film très long, mais l'histoire est tout aussi longue et lente, donc on peut difficilement en faire un reproche, je suppose). Ah, si, notons que Luc n'a pas perdu la main en ce qui concerne son casting, en témoigne l'excellente prestation de Michelle Yeoh. Voila un point positif ! On devrait sûrement la revoir bientôt, soit dans un film, soit pour un duo Pachelbelien avec JerryC. Mais il y a un point qui gâche tout le film, c'est que cette histoire n'est pas qu'une histoire d'amour ou qu'un petit combat politique pour la démocratie, c'est un récit historique d'une telle ampleur qu'on se demande réellement comment un cinéaste peut faire autant d'effort pour zapper complètement ce point.

En bref, The Lady est un film plus qu'un documentaire, mais avec une telle histoire et avec Michelle Yeoh qui porte littérallement le film sur ses petites épaules (j'ai pas trouvé David Thewlis mémorable donc je l'oublie), on espérait quelque chose de beaucoup plus intense. Et d'un peu plus... engagé ?

On espérait un autre réalisateur, en fait.

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