Time Out

Time out d'Andrew Niccol.

Time out sonne, à-priori, comme un nouveau blockbuster SF au casting improbable - mettre Seyfried et Timberlake face à Cillian Murphy, sur le papier c'est aussi incohérent que le duo Walhberg/Bale de The Fighter - et ou les gens ont une montre intégrée dans le bras. Mais c'est tout de même Andrew Niccol qui s'est collé au projet, soit le réalisateur de Bienvenue à Gattaca et de Lord of War, ça mérite donc le coup d'oeil.

"Le temps, c'est de l'argent", voila le fameux dicton que Niccol a utilisé pour son film, en le prennant au pied de la lettre. Dans Time Out, chacun voit son espérance de vie diminuer de jour en jour, un compte à rebours sur le bras (pas de manchots dans le film, étrange). L'argent n'existe plus, seul le temps importe, et chaque minute peut être un miracle ou une fatalité. Time Out est une forme de critique du capitalisme et du libéralisme, le traffic d'argent [de temps] est là, les inégalités aussi, les différentes classes sociales également, les riches se pavanent dans les casinos tandis que les pauvres hésitent à s'acheter un café, les riches ont la vie devant eux tandis que les pauvres sont réduits à l'esclavage, les riches sont immortels alors que les pauvres n'ont jamais plus de quelques heures à vivre à la fin de la journée. Dans la forme, le récit semble être quelque chose de très convenu, et cette idée est renforcée par le fait que Timberlake endosse le rôle d'un mec du guetto qui souhaite renverser le système et par la même occasion, jouer au Robin des bois en donnant aux pauvres l'argent des riches... on a déjà vu ça.

Time Out n'est pourtant pas sans qualités, l'idée globale du scénario qui montre des humains mendiant leur propre existence pour survivre est potentiellement géniale, la mise en scène autant que le portrait du capitalisme que dresse Niccol est intéressante, les quelques idées qui structurent le récit le sont aussi, comme cette idée "d'arrêter le temps" à 25 ans, on arrive à se retrouver face à des situations étranges - Olivia Wilde jouer la mère de Timberlake, c'est plutôt troublant. Malheureusement, on regrette que Niccol ait préféré distiller son propos dans un thriller d'action à l'enrobage SF plutôt que de créer un véritable film poignant. On regrette également que les personnages soient trop plats, tellement que les méchants n'ont pas l'air si méchants, ni si puissants que ça. Si la première partie du film est correcte, la deuxième cherche à ajouter du rythme là ou on aurait préféré avoir un peu plus d'immersion, ainsi qu'un scénario qui ne reste pas uniquement en surface. De la part du scénariste de The Truman Show, ce n'était pas trop demander je suppose.

En bref, sans être mauvais ni excellent, Time Out est un film qui aurait pu (et aurait dû) être un grand film mais qui tombe dans un classicisme décevant dans sa seconde moitié. La faute est en partie du à la tournure que prend le scénario et au choix des premiers rôles (Timberlake et Seyfried), pas forcément horrible mais tout de même décevant quand on regarde la seconde partie du casting (Murphy et Kartheiser). Notons aussi que certains doublages français sont relativement mauvais (ne serait-ce que la voix d'Olivia Wilde, hahaha).