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2 novembre 2011

Forces Spéciales

Forces spéciales de Stéphane Rybojad.

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Au début, t'as l'impression de regarder une pub pour l'armée. Après, t'as l'impression de voir un film français tellement c'est filmé comme de la merde. Après tu comprends pas pourquoi les gens parlent anglais avec cette petite sonorité française moche. Tu comprends pas non plus pourquoi ton projectionniste te coupes la moitié des sous-titres. Finalement, toutes les réponses arrivent quand tu entends les premières phrases prononcées dans un français impeccable et quand tu vois la gueule de Magimel. Et là intérieurement, toi qui n'avait pas trouvé de film intéressant à voir et qui t'es jeté en toute innocence sur le premier venu, tu en viens à l'inévitable conclusion: tu as payé 8 euros pour voir un film français.

Oui, je suis un peu hermétique aux films français. Pourquoi me diriez-vous ? Je vais prendre ce film pour exemple: c'est mal filmé, mal joué, les dialogues sont nazes et parsemés de blagues à la con, il y a même des répliques françaises qu'on ne comprends pas tellement les acteurs parlent mal. Avouons aussi que les français font cinquante fois un film que les autres ont déjà fait 500 fois, et en mieux. Oui, parce que les films de guerre, ça pompe un peu les couilles à force, et si en plus le scénario est très français, c'est pire. Qu'est-ce qu'un scénario français ? C'est un scénario où tu ne sais rien à rien et où la moindre ligne s'effondre lamentablement dans un cliché qu'aucune personne normalement constituée peut supporter. Prenons l'exemple du scénario de Forces Spéciales, qu'est-ce qu'on sait ? Qu'un petit groupe d'élite part en vadrouille au Pakistan pour sauver une journaliste. C'est tout. Les "pourquoi ?" sont tous laissés au placard, tout ce qu'on voit pendant 1h30, c'est un petit groupe de personnes faisant de la randonnée et tirant quelques balles sur des Talibans qui, bien que largement supérieurs en nombre, crèvent les uns après les autres comme s'il n'avaient jamais tenus un fusil de leur vie. Pourtant c'est un film de guerre, or qui dit film de guerre, dit un minimum d'implication de la part du réalisateur pour mettre en place une analyse, qu'elle soit politique ou non, mais qu'il y ait quelque chose qui puisse donner de la matière à un tel film. Eh bien non, il n'y a rien, c'est un peu le comble quand on apprend que Stéphane Rybojad "a réalisé de nombreux reportages sur les forces armées françaises".

 

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Pour le reste, je l'ai dit au-dessus, côté réalisation c'est un peu horrible. S'il arrive à faire quelque chose de correct l'espace de quelques plans, Rybojad aime visiblement se servir de sa caméra comme d'un shaker, au point de ruiner non seulement ses décors, ses cadres, mais aussi de nous donner un peu mal à la tête. Filmer une discussion entre politiciens, dans une salle bien calme en faisant uniquement du travelling, c'est plutôt gerbant. Filmer une scène de combat dans un petit village en secouant la caméra dans tout les sens quitte à ce qu'on ne sache plus ou regarder, c'est pas mieux.

Côté acteurs, je dirais qu'ils font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont, quand on a un script de merde on tape rarement dans le miracle, mais ce qui leur fait défaut, outre le fait qu'ils surjouent énormément, c'est bien cette énormissime dose de sentimentalisme qu'il y a dans le film. C'est simple, s'il n'y a pas de combats, vous pouvez être sûr qu'il va y avoir des discussions à la con (le point culminant est atteint quand Magimel endosse le rôle du "gentleman", le happy-end niaiseux était évident). Alors c'est bien de montrer que dans l'armée, il y a des gens gentils, qu'ils sont patriotiques, qu'ils peuvent être drôles (enfin, humour à la française quoi), c'est bien aussi de montrer que les talibans peuvent faire preuve d'un peu de compassion en venant poser quelques pierres sur la tombe improvisée d'un soldat français (même si, vu le récit, ça n'a aucun sens), mais pas comme ça. Et je terminerais en disant que le film n'est pas interminable... mais pas loin. Les fondus au noir qui reprennent toujours sur les mêmes scènes, encore et encore, ça gonfle. Au final, on a qu'une seule envie, c'est que le film se termine.

 

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Forces spéciales est donc un beau navet, bien loin d'un Démineurs ou d'un Indigènes, porté par un scénario inexistant, une prise de position inexistante, une réalisation qui ne vaut pas un pet et des acteurs qui ne verront pas la couleur d'un oscar. Ce n'est ni un film politique, ni une film de guerre, pas même du cinéma, c'est juste le condensé de tout ce que les français savent faire de mieux: du niais, et de la merde. À plus ou moins 8 euros la place, c'est juste honteux.

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