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Coffee & Cigarettes.
28 mars 2011

Rubber

 

Rubber de Quentin Dupieux.

Rubber_Quentin_Dupieux

 

Un autre des quelques films de 2010 bien attendus, notamment grâce à cette bande-annonce alléchante et complètement barrée qui donnait l’eau à la bouche à tout les amateurs de film… bien second degré (ou pas). Séance de rattrapage, donc, puisque la honteuse distribution n’avait programmé ce film que dans un nombre réduit de cinémas, il a fallu attendre la sortie DVD, c’est chose faite. Et pour ceux qui ne savent pas du tout de quoi je parle, voilà donc la B.A, histoire de vous donner un petit aperçu. Quentin Dupieux, alias Mr Oizo pour le côté musical, signe donc son troisième film, après le presque introuvable Nonfilm (mais disponible sur le dvd collector de Rubber visiblement) et Steak.

Rubber, ou l’histoire d’un pneu tueur en série télépathe, est un film basé sur la notion de « aucune raison », comme en témoigne le monologue d’introduction (scène de grande qualité, au passage), qui enchaîne des scènes et des dialogues, voire des personnages complètement absurdes et complètement géniaux. A mi-chemin entre le film d’horreur, le film fantastique ou la comédie-parodie, Rubber est un film artisanal et porté par une créativité « pure », un souffle d’originalité et d’ambition lancé dans une époque ou le cinéma ne l’est que trop rarement.

Parce que si le scénario est assez…conceptuel, si, à-priori, tout ce qu’on voit n’a aucun sens, si tout le film est un grand n’importe quoi, il n’en reste pas moins qu’il fourmille d’idées géniales qui servent totalement le propos de Dupieux ; des personnages qui regardent le « vrai » film à l’intérieur du film avec des jumelles (incompréhensible, je sais), jusqu’à ce fameux pneu qui roule tout seul, qui tue, qui respire, qui regarde la télé, qui prend des douches et qui peut même s’émouvoir du génocide de ses confrères, en passant par le métrage lui-même, filmé avec un simple appareil photo (un vrai appareil photo, pas le I-phone de Park Chan-Wook). Dupieux réussi l’exploit de faire de cet objet anodin (et ridicule, dans le fond) un réel personnage, on suit sa « naissance », ses premiers pas, ses premiers meurtres, une grosse personnification qui servira à créer une vraie fausse histoire, remplies de scènes comiques, parodiques et burlesques, de métaphores et j’en passe.

La question qu’on pouvait se poser, c’est comment faire un film de plus d’une heure avec un pitch aussi faible ? Eh bien simplement en utilisant plusieurs niveaux de narration (notamment grâce à ces faux spectateurs), de sorte que le film… tourne de lui-même (là, la question serait plutôt du genre : comment écrire une critique correcte avec ce genre de film ?). Bref, l’autre grande qualité du film, et on s’en rend compte dès les premières images, c’est la réalisation. Pratiquement tout les plans du film ont eu droit à une réelle recherche esthétique, même artistique, enveloppant le métrage d’une grande élégance, et d’une certaine étrangeté grâce à la B.O. Les personnages quand à eux, sont relativement notables, Roxane Mesquida, Wings Hauser, Stephen Spinella et j’en passe, tous ont des rôles plus ou moins loufoques mais tous s’en sortent suffisamment bien avec la lourde tâche de rendre ce film « crédible ».

On peut cependant regretter quelques points ; même si le film est fun, on (je) aurait pu en demander encore plus. Pas trop pour ne pas faire sombrer le film dans le ridicule et qu’il se détourne de son propos initial, mais quelques situations et quelques vannes en bonus par-ci par-là n’aurait certainement pas fait de mal – et ça aurait pu combler les quelques longueurs du film, car il faut bien l’avouer, et même si Rubber n’est pas très long, on aurait pu couper quelques minutes pour que l’ensemble soit un poil mieux rythmé.

En bref, Rubber n’est pas un film tout public, son côté franchement décalé ne plaira pas à tout le monde, mais c’est principalement ce même argument qui en fait un grand film. À la fois original, inventif, superbement filmé et totalement marginal, Dupieux a eu suffisamment de courage et d’ambition pour pondre ce film inutile et génial et je suis de ceux qui soutiennent ce genre de démarche, donc je dis oui.

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